L’hiver, la vie en forêt (Premier de deux billets)
Voici l’hiver arrivé,
Les rivières sont gelées,
C’est le temps d’aller au bois
Manger du lard et des pois !
Dans les chantiers nous hivernerons !
Dans les chantiers nous hivernerons !
C’est le chant des forestiers qui, d’une allure de voltige, piquant au plus court, traversent les prairies en raquettes.
Quel curieux type que ce forestier. Est-il un sujet plus pittoresque que lui ! Quelle franche gaieté l’anime… Oui, il a bien hâte d’aller au bois manger du bon lard, et de la bonne soupe au pois, régal succulent pour notre bon Canadien.
C’est toute une petite république que le personnel du camp des forestiers. Le premier est le contremaître. Ce n’est qu’au bourgeois qu’il a à répondre de son administration. Viennent ensuite les bûcheurs, les piqueurs, les doleurs, les grand’haches, les charretiers, les claireurs et le « cook ».
Ce dernier a quelque analogie avec le contremaître, en ce qu’il est unique dans ses attributions. C’est en quelque sorte le ministre de l’intérieur du camp.
Les bûcheurs choisissent les arbres propres à être abattus. Les piqueurs enlèvent les branches inutiles. Les doleurs et les grand’haches équarissent les billots.
Les claireurs, soit avec un troupeau de bœufs, soit avec la pelle, pratiquent les routes qui faciliteront le transport du bois.
La Patrie (Montréal), 23 janvier 1909