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« L’art et le féminisme »

La nouvelle provient de New York.

Au cours d’une assemblée féministe qui avait lieu, ces jours derniers, à l’angle de Broadway et de la 17e rue, quelle ne fut pas la surprise de la foule de voir descendre d’un élégant auto [sic] une femme délicieuse, vêtue d’un long manteau de vison, monter sur une estrade improvisée avec une caisse vide, et haranguer les personnes présentes, en trois langues différentes, en faveur du suffrage universel.

Cette femme, qui est une Russe très distinguée, et de plus une très grande artiste, puisque c’est Mme Lydia Lipkowska, du Metropolitan Opera House, déclara qu’elle aimait mieux parler en public, dans les réunions populaires, pour les revendications des droits de la femme, que tous les applaudissements d’une salle enthousiasmée.

Mme Lipkowska parla en français, en russe et en allemand et, comme quelqu’un lui demandait de parler anglais, elle se contenta de dire en saluant fort gracieusement : « Sank you », ajoutant qu’elle pouvait encore dire « I love you », que sa science de la langue de Shakespeare s’arrêtait là pour le moment.

Les enthousiastes de la cause féministe déliraient et jubilaient de voir une si belle dame se mêler de leurs assemblées en pleine rue. Le soir même, Mme Lipkowska chantait à l’opéra et elle n’avait pas attrapé d’extinction de voix pour avoir harangué la foule dans l’air froid d’une journée de janvier. Ces Russes sont véritablement extraordinaires.

 

La Patrie (Montréal), 8 janvier 1910.

La photographie de Lydia Lipkowska apparaît sur la page Wikipédia en anglais qui lui est consacrée.

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