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À Lévis, on a bien aimé le Jour de l’an… sauf peut-être les Lévisiennes

Nous voici sur la rive sud du Saint-Laurent en face de Québec

Plus splendide température ne pouvait être rêvée pour la visite officielle.

Tout le monde semblait heureux hier de n’être pas encore affranchi de la traditionnelle poignée de main cérémonieuse et des souhaits dito [de même].

Selon une louable pratique que nous tenons de nos pères, la bénédiction paternelle se donne tous les premiers de l’an dans nos familles, bénédiction suivie des bons souhaits du père et de la mère, et des enfants entre eux. […]

Tout l’après-midi a été consacré aux visites.

Jusqu’au soir, les rues ont été sillonnées en tous sens par piétons et équipages ; les fastueux se laissant traîner en voiture, les simples mortels, eux, traînant… le pied.

Nos jolies Lévisiennes, leur plus joli sourire sur les lèvres et, Dieu merci, les Messieurs ont été assez présomptueux pour croire que ce n’était pas un sourire de commande, nos jolies Lévisiennes, dis-je, ont supporté avec patience l’avalanche de compliments et de souhaits toujours les mêmes répétés cependant ; quelques-unes, nous devrions dire plusieurs, ont même eu le courage de subir les feux du baiser.

Quant au plaisir éprouvé par l’illusion de se voir trois poils de moustaches cirés posés en travers sur leurs lèvres roses, c’est une autre affaire, nous pencherions plutôt pour le supplice, mais c’est là un sujet trop glissant……… N’appuyons pas.

On s’aborde aujourd’hui dans la rue en se pressant la main ; on fera ceci pendant huit, quinze jours encore peut-être, puis, 1895 en vieillissant, nous fournira d’autres soucis.

Ainsi va le monde.

 

Le Quotidien (Lévis), 2 janvier 1895.

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