« La bonne année »
Crie aux bottes des passants
Et qu’au ciel de sombres nues
S’entrechoquent sous les vents ;
Quand les champs, quand la rivière
S’engourdissent dans le froid
Et qu’une blanche poussière
Tourbillonne autour du toit,
Le cœur, dans ce vide extrême,
Recherche l’intimité,
Il partage avec qui l’aime
Le vieux fond de sa gaîté.
L’hiver en vain nous pourchasse,
Il nous vaut d’heureux moments.
Au dehors tout est de glace :
C’est l’heure aux épanchements !
Décembre est parti. — Qui sonne ?
— Dix-huit cent soixante-et-neuf……
Que de baisers l’on se donne !……
Que de souhaits à l’an neuf !
Du haut en bas de l’échelle
L’espoir circule gaiement :
Car notre part la plus belle
Est toujours ce qu’on attend.
De quels transports d’allégresse
Resplendit chaque foyer !
On croirait que la tristesse
N’a jamais pu l’habiter !
Puisqu’on peut, folâtre ou sage,
Serrer la main du bonheur,
Livrons-nous sur son passage
À la joie avec ardeur !
Point de fête couronnée
Sans les vers qu’on va chantant —
J’apporte la bonne année.
La Chanson du Jour de l’An.
Benjamin Sulte.
Le Franco-Canadien, 29 décembre 1892. Ce texte est aussi paru dans l’ouvrage de Sulte Les Laurentiennes.
L’image de la journée du Jour de l’an, un dessin d’Edmond-J. Massicotte, coiffe l’interprétation de la chanson C’est dans le temps du Jour de l’an interprétée par La Bolduc (Mary Travers), une pièce connue de tous au Québec.