Gisèle nous décrit un début de soirée à Montréal à la fin d’octobre
Elle affirme qu’elle va « tout simplement dire quelques dizaines du rosaire à Notre-Dame ».
Sept heures ! la nuit est belle, la lune s’est levée radieuse, le ciel est immaculé de nuages, c’est une nappe limpide où les diamants aux reflets argentés viennent se noyer. Il fait froid cependant, un vent glacial nous transit et nous gèle.
Chacun hâte le pas, on sent que c’est l’automne qui nous siffle rudement à l’oreille que le frileux hiver est proche.
Les hommes marchent vite, les femmes serrent plus étroitement autour d’elles l’ampleur de leur manteau. Personne ne s’arrête en chemin, la température vous pousse à suivre votre route ; celui qui est au dehors est impatient d’atteindre sa destination ; on apprécie plus que jamais la douceur du logis. […] Je fais comme tout le monde et ne perds pas mon temps à examiner mes voisins.
Gisèle.
La Patrie (Montréal), 3 novembre 1891.