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Réflexions sur la vie

Lorus et Margery Milne ont publié en américain d’abord The Ages of life en 1968, traduit et paru deux ans plus tard en français chez Stock, Les âges de la vie. C’est un ouvrage étonnant sur l’éveil de la vie, les manifestations de la croissance, et la vieillesse.

Avant de nous mener de surprise en surprise, le livre ouvre par un calme prologue. Extrait.

Chaque jour, la main impartiale de la Nature accorde à chacun, homme ou arbre, la même part d’ombre ou de soleil. De tous côtés, nous trouvons des compagnons ; et même s’ils ne sont pas de l’espèce humaine, ils sont soumis aux mêmes besoins que nous, ils avancent vers l’avenir en empruntant des voies semblables aux nôtres. Dans chaque atome, dans chaque individu, nous pouvons nous retrouver nous-mêmes : tous nous devons lutter, tous nous sommes pris dans le même cercle sans fin de la vie. C’est du soleil que chacun de nous tire l’énergie qui lui permet de naître et de survivre. Comme nous bénéficions nous aussi de cette énergie, nous partageons les succès et les échecs de nos compagnons, car aucune forme de vie n’a trouvé jusqu’ici le moyen d’affronter le monde seule.

Puis, un peu plus avant, le rappel de vérités premières.

Quelque délicat que puisse se révéler le passage du régime de nourrisson à celui d’adulte, l’enfant échappe aux deux crises annuelles qui sont le lot de tous les animaux à sang chaud, oiseaux ou mammifères. Il ne connaît pas le besoin de changer de pelage ou de plumage une première fois avant l’été, une seconde fois avant l’hiver. Par contre, bien qu’il vive à l’intérieur, le canari et le perroquet muent tout comme l’aigle et le rouge-gorge. Chats et chiens perdent leur pelage et s’isolent différemment selon les saisons. Il en va de même pour la belette et le bison, mais chez eux la mue est plus visible.

Ces crises qui précèdent l’hiver et l’été sont des moments bien éprouvants pour nos amies les bêtes. Souvent, lorsque les hormones déclenchent cette profonde modification, l’animal est si affecté qu’il en oublie de se nourrir. Il se cache et jeûne jusqu’au moment où son sang lui apporte à nouveau la sensation de faim, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la mue.

Nous nous adaptons artificiellement aux exigences contradictoires des saisons. Le printemps et l’automne appellent des changements adéquats dans notre habillement et dans nos maisons. On enlève ou l’on remet les doubles fenêtres, on fixe les écrans qui empêchent les moustiques de pénétrer à l’intérieur de nos habitations ; on remplace les vêtements d’été par des manteaux, des gants et des cache-nez, etc.

Si nous répugnons à pelleter la neige ou vérifier le bon fonctionnement de notre chaudière [en québécois, la fournaise], nous devrions nous rappeler que tous les autres êtres vivants ont à subir de lentes et pénibles transformations et qu’ils ne jouissent jamais d’un confort comparable au nôtre. Pour eux, c’est une question de survie, alors que pour nous il ne s’agit que de conserver des conditions de vie presque idéales.

Il faudra y revenir.

 

Lorus et Margery Milne, Les âges de la vie, Paris, Éditions Stock, 1970, p. 8, 61.

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