Chère amoureuse, cher amoureux
Bonne Saint-Valentin !
C’est aujourd’hui la Saint-Valentin; on s’enverra des valentins, on s’égaiera et on rira.
Il y eut un prêtre italien de ce nom, à Rome, en 270 ou à Terni en 706.
Un fait est certain, il mourut martyr.
Sa fête se fait le 14 février.
Pourquoi a-t-on choisi le jour de sa fête pour se faire d’innocentes niches et s’envoyer des cartes et des gravures tantôt aimables, tantôt satiriques, nous ne le savons.
Tous ces divertissements innocents ne peuvent en tous cas que tirer un grand cachet de respectabilité de la circonstance d’être sous le patronage d’un saint.
Il y a certes de quoi faire sourire saint Valentin, mais pas de quoi le fâcher.
Les vitrines de tous nos petits magasins sont pleines de valentins aujourd’hui, dont quelques-uns assez laids pour faire peur au Saint.
Mainte jeune fille sera déçue, aujourd’hui et les jours suivants, de recevoir au lieu du billet doux attendu, un vilain bonhomme colorié qui lui tirera la langue ou se permettra quelque autre geste irrévérencieux.
On rira d’abord; ensuite, on se fâchera; et, finalement, on rira encore.
La curiosité s’en mêlera et le valentin deviendra l’événement du « Qui peut bien m’avoir envoyé ça ?
Si je savais que c’est Raoul…… »
Et l’on monologue sur le sort que l’on réservait à l’infortuné Raoul.
Mais voilà ! on n’ose pas poser de question, de peur de se trahir, et la recherche en est d’autant plus difficile.
Le secret n’est quelquefois découvert qu’au bout de plusieurs mois et c’est la personne qu’on soupçonnait le moins qui a envoyé le dérisoire cadeau.
Les valentines recevront-elles beaucoup de valentins, cette année-ci ?
Demain le dira.
La Patrie (Montréal), 14 février 1908.