Fanfan Giroux est décédé
La vieille capitale vient de perdre l’un de ses originaux les plus remarquables, Elzéar-Théophile Giroux, fils de Marc Giroux et de Zélia Raby, connu de tout le monde, mais surtout des gamins sous le sobriquet de «Fanfan» Giroux.
«Fanfan» Giroux était né en février 1845 et avait été baptisé à Notre-Dame de Québec par M. l’abbé W. W. Maylan. Il avait eu pour parrain M. Eusèbe Vézina et Mlle Angèle Raby.
On connaît peu de choses sur ses premières années, mais on sait que, depuis de nombreuses années, il a exercé une foule de petits métiers, tous moins lucratifs les uns que les autres, et que, pour diverses peccadilles, il a passé une bonne partie de sa vie dans les hôpitaux, les hospices et les prisons.
Lorsqu’il n’était pas en prison, «Fanfan» parcourait les rues (il affectionnait surtout la rue Saint-Jean) un panier à la main.
Dans ce panier, il entassait les victuailles que lui donnaient les âmes charitables, et aussi les fruits gâtés, etc., que lui lançaient les gamins, qui le suivaient en l’interpelant et en lui faisant des niches. Il se fâchait souvent, mais ses colères étaient de courte durée.
Quelquefois, le pauvre diable se faisait héberger par des hôteliers dont il chauffait les poêles, sciait le bois et rentrait le charbon.
Il ne reste plus à Québec que cinq personnages du genre de «Fanfan» Giroux. Ce sont «Tare-six Pouces», «Coq Bobeli», «Caron l’Outarde», «Ti-Quenne Blais» et «Ti-Jean-les-Chiens».
La Patrie (Montréal), 6 novembre 1906.