«Le loup-garou»
Habitez-vous une campagne reculée ? Peut-être, qui sait, des loups-garous y courent-ils, la nuit ! Prévenez-nous si vous avez ce bonheur, nous accourrons pour en apercevoir un, nous aussi, enfin ! J’aimerais bien en témoigner dans mes trois rencontres-conférences à venir sur le paranormal.
On désignait ainsi autrefois, dans nos campagnes, une personne condamnée, après sa mort, à être changée en loup-garou pour méfaits causés de son vivant. La punition se prolongeait durant sept ans et sept mois, et avait principalement pour causes, soit la négligence à «faire ses pâques», ou quelque gros scandale qui avait remué toute la paroisse.
Le loup-garou courait les champs, durant la nuit, et, quand on le rencontrait, on pouvait délivrer l’âme du malheureux, en traçant sur lui un grand signe de croix. Mais le malin esprit ne se laissait pas facilement approcher, et d’ailleurs chacun prenait ses jambes à son cou de plus loin qu’il l’apercevait.
Cette superstition a subsisté longtemps au Canada, et même n’est pas encore complètement disparue, aujourd’hui, de certaines campagnes reculées.
Sylva Clapin, La Défense (Chicoutimi) 19 octobre 1899. Ce Clapin, dans un Québec très «formaté» de la fin du 19e siècle et du début du 20e, aura un parcours bien original, audacieux, mettant pas mal de monde mécontent ou mal à l’aise. Voir ce billet, par exemple.
L’illustration provient de l’ouvrage de Guy Boulizon, Contes et récits canadiens d’autrefois (Montréal, Beauchemin, 1961). Non signée, peut-être est-elle de Boulizon lui-même, car l’auteur peignait également.