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Prendre plaisir au cerf-volant

le-cerf-volantIl s’agit manifestement d’un billet venu de France reproduit par La Patrie.

Pour jouer au cerf-volant, vous prenez un cerf-volant, d’une part, et une jolie nuit de lune, de l’autre. Il ne faut pas que la nuit soit trop éclairée pour qu’il y ait un peu de mystère; une demi-lune suffira.

Vous pouvez donner au cerf-volant la forme d’un superbe oiseau de proie. Cela se passera, voulez-vous, au bord de la mer, puisque vous allez partir, si vous n’êtes pas déjà partis.

Voulez-vous que cela soit sur la côte bretonne ? sur la côte normande ?

Admettons la côte bretonne; un bon petit pays dans le genre de celui que représente notre première image.

petit-village-breton

Vous voyez cela d’ici : la maisonnette du pêcheur, entourée avec des grosses pierres, le petit port derrière avec une barque à voile rouge et le vieux rocher qui trempe dans la mer, au fond. On ne voit pas votre villa, mais elle est à gauche, dans la coulisse.

Donc, avec votre cerf-volant, vous vous en allez un soir qu’il souffle un délicieux vent de mer qui sent le goémon et, quand vous êtes arrivés sur le gros rocher, vous laissez votre oiseau de proie prendre son vol du côté de la lune en crépitant de ses ailes de papier.

Et voilà ce que je voulais vous recommander : ayez soin d’attacher tout au long de la corde, au bout de ficelles assez longues, des lanternes vénitiennes allumées, et vous m’en direz des nouvelles; c’est une nuit bleue, avec pourtant, sur l’horizon, des nuages plus bleus que le ciel.

Vous verrez vos lanternes s’élever, s’élever mystérieusement, jusqu’à cent mètres au-dessus de vos têtes, ouvrant, dans la nuit, des petites fenêtres, tout éclairées, afin de faire croire aux bergers que c’est là que demeurent les anges du bon Dieu.

Et cela sera très féérique, car la demi-lune qui brille à côté aura l’air aussi d’une lanterne vénitienne, et vous-mêmes, devant l’horizon de la mer, vous serez des ombres chinoises et vous ne risquez que de voir votre gros oiseau fondre, en clapotant la tête en bas, dans le creux du rocher, où les jolies lanternes finiront de brûler comme des petits feux de farfadets.

 

La Patrie (Montréal), 1er octobre 1910.

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