Le décès de notre grand-mère Lucy
Elle a dégringolé d’un très grand arbre, se blessant mortellement, la pauvre. Mon fils vient de me mettre sur la piste de ce drame familial pour l’humanité.
Je lui écrivais :
Même bipède tout à fait comme nous, peut-être n’avait-elle pas perdu l’envie de grimper dans les arbres comme ses ancêtres faisaient. Ou encore, simplement dans son quotidien, grimpait-elle toujours dans les arbres ? Pour cueillir des fruits, des noix ou quelqu’autre produit alimentaire ? Peut-être montait-elle ce jour-là pour voir s’il y avait dans les parages quelque bête féroce, avant d’aller faire des courses à pied, ou essayer de savoir si des membres de sa famille attendus pouvaient s’en venir ?
Si elle et d’autres des siens, avaient gardé l’habitude de grimper, sûrement qu’elle ne fut pas la seule à dégringoler de cette manière, à se blesser et à en mourir. Et a-t-on recouru à des rites funéraires pour l’enterrement de la belle Lucy ? Sans doute pas, car ces rites arriveront beaucoup plus tard.
Sa famille devait quand même être triste de la retrouver ainsi au pied de cet arbre. Les ânes, à la solidarité développée, sont tristes à la mort d’un des leurs, la vidéo dans ce billet le montre bien. Pourquoi n’en aurait-il pas été au moins ainsi pour les parents de Lucy ?
Et mon fils ajoute :
On l’étudie depuis 1974 (j’avais lu la nouvelle dans Pif Gadget en 1975) et elle nous raconte des histoires depuis. C’est incroyable.
* * *
Oups ! Vingt-quatre heures plus tard, voilà que nous aurions été bien vite en affaires !
Mais, dans le cahier Sciences et médecine du quotidien français Le Monde du 31 août 2016, on appuie la chute d’un arbre pour notre grand-mère. Dans l’article d’Hervé Morin, on dit que le corps de Lucy a tout de suite «été piégé et préservé dans un cours d’eau en contrebas». Ce que confirme Yves Coppens qui codirigeait la mission ayant découvert Lucy en 1974. Le paléontologue français affirme que, lors de la découverte en 1974, ils ne se sont pas posé la question des causes de la mort. Chose certaine, à l’étude du squelette, on a conclu que ce primate était à la fois bipède et arboricole. «Sans doute était-elle moins agile dans les arbres que les arboricoles stricts» dit Coppens. Et Morin de conclure ainsi son billet : «Avancer sur les rameaux de l’évolution comporte des risques…»
La création de Lucy selon un sculpteur du Houston Museum of Natural Science au Texas, lors d’une «tournée» du squelette de Lucy aux États-Unis, fut photographiée par David Einsel, Getty Images. On la trouve sur le site suivant.
On peut consulter les sites de nouvelles suivants : Radio-Canada et Nature.