Que tentent donc les pruniers en ce moment ?

Dans ce milieu intouché autrement que par la vie et beaucoup silencieux, sont-ils en train de réussir par eux-mêmes à produire des individus résistants au nodule noir ? Ce serait proprement incroyable.

À l’acquisition du lieu en 1976, ils étaient là, tous atteints par le nodule noir, un champignon, un châtiment. «Vous coupez tout, m’avait-on dit sèchement, et vous brûlez tout. Et ne replantez pas de pruniers avant des années dans cette terre contaminée par le nodule.»

Même sans espoir de fruits, je m’y suis toujours refusé à cause de la beauté de leur floraison aux couleurs des mariées d’autrefois et parfois d’aujourd’hui encore, tout en blanc avec un soupçon de rose, couverts d’abeilles heureuses le temps de la vie des fleurs.

Au plus tard la première semaine de juillet, tous les fruits espérés étaient morts, tombés au sol. J’en ai tiré mon parti, c’était ainsi. Longue vie aux pruniers si beaux fin mai — début juin, et retournant à leur vie de pruniers sans fruits pour tout le reste des jours.

Cette année, quelle surprise ! Aussi tard qu’aujourd’hui, certains résistent, refusent l’abandon, s’entêtent, dirait-on, à tenter encore une fois la production de fruits, ce que je n’ai jamais vu depuis 40 ans.

Voyez ces deux fruits encore relativement bien portants, et les autres, ci-bas, comme autrefois, atteints du nodule, sorte de chancre, dirait-on, mais si tard, si tard en saison.

Les pruniers sont-ils en train de réussir par eux-mêmes, sans aucune forme d’assistance, à produire des individus résistants au nodule noir ?