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Hé, les gars de Trois-Rivières, vous aurez été avertis !

Pont Dufresne a Champlain

Cessez de venir faire vos frais à Champlain et d’essayer de séduire nos filles !

Depuis un certain temps, tous les dimanches et même les jeudis, nous voyons des Trois-Rivières une troupe de 10 à 12 petits MM qui, pimpants, la tête haute, s’en viennent nous coudoyer puis, en qualité d’étrangers et exploitant leurs titres de citadins, font le point de mire de nos demoiselles qui, très volages, s’en vont se jeter dans leur bras pour seule raison que ce sont des Mrs de la ville et qu’en eux tout est rose, tout est beau et bon. Mesdemoiselles, attention et prudence.

Pour essayer d’enrayer cette espèce de fléau dès les débuts, quelques jeunes consciencieux ayant à cœur le bonheur de leurs petites compatriotes, entreprirent une campagne contre ces envahisseurs; ils essayèrent de prendre le mal dans sa racine, mais, repoussés par celles à qui ils ne voulaient que la paix et le bien-être, voilà qu’ils tentèrent une petite farce qui fut bien exagérée dans le compte rendu de la semaine dernière.

Mais tenaces, les insurgés passèrent à travers cet assaut et, enhardis, ils jurèrent de ne sortir que vainqueurs, car à chaque excursion 2 ou 3 soldats s’ajoutent à leur troupe.

Puisqu’il en est ainsi, il ne sera pas dit en vain et en plein journal que les jeunes gens de Champlain sont sans éducation, sans savoir vivre, sans instruction (nous ne sommes pas de la ville, mais nous y avons couché); détrompez-vous car nous sommes prêts au combat bien que nous soyons peu en nombre. Nous jurons de défendre notre honneur, notre patrimoine, de défendre l’honneur menacé de tout le village par vos étourderies, vos vantardises, amis citadins.

Nous vous invitons et de grand cœur nous vous recevrons si vous vous montrez dignes de notre hospitalité; sinon, gare à vous.

Un mauvais farceur.

 

Le Bien public (Trois-Rivières), 3 août 1911.

Les jeunes Trifluviens n’en sont pas là, mais on ne peut s’empêcher de penser à l’enlèvement des Sabines dont les hommes refusaient d’autoriser leurs femmes à épouser des Romains.

L’illustration du pont Dufresne à Champlain, une photographie de J. Émile Chevalier prise en 1943, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6,S7,SS1,P11739.

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