Débat au sujet du nom à donner à la Terrasse à Québec
Qui ne connaît pas la Terrasse à Québec, le lieu le plus spectaculaire de la ville ? Mais sait-on qu’au départ, les Anglais de Québec désirent qu’on l’appelle Terrace Dufferin et les Canadiens, Terrasse Frontenac. Le journal Quebec Chronicle fait campagne pour le premier des deux noms et voici que le quotidien de Québec Le Canadien entre dans la danse.
Un correspondant qui signe Good Sense écrit au Chronicle au sujet de la Terrasse Frontenac. Il veut qu’on appelle cet endroit Terrace Dufferin; il prétend même que c’est presqu’un acte de déloyauté de l’appeler autrement.
Quoi qu’en dise le correspondant du Chronicle, la nouvelle terrasse n’a jamais été nommée régulièrement. Pour nommer une rue ou une place publique, il faut un règlement (by-law) voté par le conseil de ville. Une promenade du gouverneur-général au bras du maire ne suffit pas.
Donc, la nouvelle terrasse n’ayant jamais été nommée, nous sommes parfaitement libres de l’appeler Terrasse Frontenac. Il n’y a aucune raison au monde de l’appeler Terrasse Dufferin. Lord Dufferin n’a pas contribué un sou pour la construction de ce lieu de promenade, et, quant au plan de prolongement, il est vieux comme le monde.
D’un autre côté, il y a une raison qui justifie et explique le nom de Terrasse Frontenac : C’est de là que Frontenac a envoyé aux Anglais la fière réponse que l’on connaît.
Ce sont les citoyens de Québec qui ont payé la construction de cette terrasse; ils doivent avoir le droit de la nommer.
Or, ils la nomment Terrasse Frontenac, et ce sera son nom, entendez-vous, gens du Chronicle.
Le Canadien (Québec), 29 juillet 1880.