Dans la série «Là où me mènent mes ânes» (5)
Un ami me dit : Tu t’arrêtes pour trois ânes sur ton chemin ! Mais à quoi ça sert un âne ? C’est tout à fait inutile. C’est bien ce que je disais, qu’il ne fallait pas compter sur le Québec pour une histoire de l’âne, l’animal étant à peu près absent depuis le début de la colonie, inconnu.
Sur ce site, j’ai donc créé une catégorie : L’âne. Et entrepris une série : «Là où me mènent mes ânes», précisément pour donner à savoir aux miens, et moi d’abord, qui est l’âne.
Philippe Forcioli, lui, connaît l’âne. Né à Oran en Algérie en 1953, de parents d’origine corse, habitant maintenant la Camargue, il compose, et chante, et dit. Prix Jacques-Douai en 2009, créé deux ans plus tôt pour honorer un artiste, une personnalité ou une structure qui, par son action ou son œuvre artistique, fait vivre la chanson francophone.
Il publie en 2001, sur l’étiquette Le Chant du monde (#2741140), De l’âne aux chants énamourés, sur lequel on trouve des hommages à l’âne. Il ouvre avec une œuvre d’Anne Testard, Chic ! un âne. Pour mille raisons, précise-t-il, dont une : j’aime cet âne, au pas, au trot et au triple galop.
Sur ces longs chemins de traverse
je vais ma route cahotant
mon bât chargé sur mes épaules
et sans savoir d’où vient le vent
je trotte et trotte éperdument
J’suis qu’un âne moi m’sieur
j’suis qu’un âne
La tête basse ainsi qu’un pauvre
sans hâte et sans repos j’avance
sur ces doux chemins de l’errance
où marchent les mendiants d’étoiles
les fleurs des champs sont ma pâture
Que le bon maître me pardonne
pour mes yeux tristes et mes bêtises
et que ce cri dedans mon ventre
soit pour lui un chant de louange
que je lancerai à plein ciel
Ma route finira pourtant
dans un fossé sous les étoiles
mon bât et mon mors tombés
j’attendrai l’ultime caresse
qui me fera passer le pont
Je veux qu’il ne reste de moi
que le bruit des pas sur la route
et quelques chardons oubliés
comme un écho de ma chanson
un peu de crottin sur vos prés
Merci, cher Jean, pour la piste de Forcioli.