Comment donc célébrer le bénévolat ?
Il y a un peu plus de cent ans, comme aujourd’hui d’ailleurs, des bénévoles, souvent des femmes, travaillaient beaucoup au service des plus malpris qu’elles.
Au nom de toutes les autres, en voici une qui n’est pas passée à l’histoire autrement qu’apparaître dans un éloge du quotidien Le Canadien du 15 mai 1883, et de «rebondir» maintenant sur ce site.
Marie-Émilie Simpson, épouse de Charles St-Michel, habite le 66, rue de l’Église [aujourd’hui rue du Parvis], dans le faubourg Saint-Roch à Québec, peuplé de gens de condition modeste. Elle décède chez elle le dimanche 13 mai 1883 à 74 ans et sera inhumée dans l’église Saint-Roch trois jours plus tard. «Parents et amis sont priés d’assister à ses funérailles, sans autre invitation.» Le journal lui rend hommage.
Soixante et quatorze ans et quatre mois, dont plus de cinquante au service des déshérités de la fortune, telle a été une belle, une précieuse existence qui vient de disparaître de St. Roch. En faut-il davantage pour que l’on puisse dire de Madame Charles St-Michel transiit benefaciendo [Elle n’a laissé sur son passage que des bienfaits].
À combien d’orphelins n’a-t-elle pas tenu lieu de mère, combien de pauvres n’a-t-elle pas pourvu de nécessités de la vie, combien de délaissés n’a-t-elle pas secourus !
On l’a vue prendre autrefois une part active à toutes les industries que peut inventer la charité, accepter la présidence d’organisations de bazars, se dévouer, se multiplier dans des circonstances où il s’est agi de créer ou plutôt de pourvoir à des institutions naissantes, comme la Chapelle des Congréganistes à St-Roch, l’externat des Dames religieuses de la congrégation et l’école des Frères de St-Sauveur [autre quartier populaire de Québec, voisin de Saint-Roch], l’Hôpital du Sacré-Cœur, etc.
On l’a vue se sacrifier en temps de calamité, comme la grande conflagration qui dévastait en 1874 St-Roch et St-Sauveur.
Quel zèle n’a-t-elle pas alors déployé au service des victimes de l’incendie.
Sa résidence était devenue un centre de distribution de secours et que de fatigues et, en retour, que d’avanies de la part de malheureux qui avaient probablement perdu avec leurs biens le sentiment de la reconnaissance.
Elle est longue la liste des orphelins qui lui doivent un sort meilleur et que nous pourrions publier. […] Les funérailles de Madame St-Michel ont lieu à St-Roch, demain matin.
Le Canadien (Québec), 15 mai 1883.
Existe-t-il une photographie de Marie-Émilie Simpson, je l’ignore. Cette dame âgée, ici, anonyme, l’évoque.