Dans la série «Poèmes des temps d’hier»
La Canadienne
Il est au-dessus des nuages
Dans le ciel bleu du firmament,
Un rayon qui, loin des orages,
Brille comme un pur diamant.
C’est de Vénus la blonde étoile,
Phare connu des matelots,
Qui sort la nuit du sein des flots,
Pour y guider leur sombre voile.
Il est au milieu de nos plaines,
Dans nos bosquets, dans nos vallons,
Sous la brise aux fraîches haleines,
Une fleur aux discrets boutons.
C’est la rose, divin sourire,
La messagère des amours,
À qui l’on confiera toujours
Ce que le cœur n’ose pas dire.
Il est au sein des mers tranquilles,
Sur le sable fin des galets,
Un bijou que les plus habiles
Voient rarement dans leurs filets.
Chercheurs de perles scintillantes
Ou citadin ou paysan,
Quittez le creux de l’océan,
La terre en a de plus brillantes.
Il est dans la maison divine
Par delà les grands horizons,
De beaux anges vêtus d’hermine,
Aux yeux d’azur, aux cheveux blonds.
Nos vierges, belles immortelles
N’habitent pas vos saints parvis;
Mais que sera le paradis,
Si vous en avez des plus belles ?
Il est sous le ciel une terre,
Où le bon Dieu nous prodigua,
Comme un parfum, comme un mystère,
Quelque chose de tout cela.
Et cette terre c’est la tienne,
Étoile des firmaments bleus,
Perle des mers, ange des cieux,
Rose d’avril, ô Canadienne.
Noël Pays
Montréal, 25 février 1885
Poème paru dans Le Canadien des États-Unis (New York), 12 mars 1885.
Des mots à la fois sublimes et… lourds à porter !
Lourds à porter ? Trop d’hommage ?
Dans ce sens, oui… Comme on dit à quelqu’un qui nous complimente en long et en large, « arrête, c’est trop ! ». Cela dit, ce poème nous offre de si jolies pensées imagées, je veux bien lui pardonner …