Hommage à François Villon
De ce grand poète québécois qui mériterait tant d’être plus connu, Alphonse Piché.
À Maistre Villon
Vous qui estiez mauvaise graine
De vostre temps, Maistre Villon,
Sans feu ni lieu jours et semaine,
Fesses au vent comme larrons
A qui sont faictes pendaisons;
Vous qui menâtes grandes trottes
Par les châteaux et les prisons,
Plus n’est battue la rosse morte.
Vous qui connûtes toute peine
De vostre temps, Maistre Villon,
Qui commîtes maintes fredaines
Pour quelques pains ou quelques ronds;
Vous, délaissé comme fripon,
Comme Judas l’Iscariote…
Peut-être avec quelque raison !
Plus n’est battue la rosse morte.
Remplis de vos ballades blêmes,
Tout ébaudis de vostre don,
Voici des livres par douzaines
De nostre temps, Maistre Villon,
Nous attestant, vieux compagnon,
Qui mourûtes dessus la crotte,
Qu’après la mort vient le renom…
Plus n’est battue la rosse morte.
Envoi
Ah ! ce qu’on chante vostre nom
Depuis que sur vos os se portent,
Maistre Villon, ces oraisons…
Plus n’est battue la rosse morte.
Ce poème d’Alphonse Piché est extrait de l’ouvrage d’Alain Bosquet, La poésie canadienne (Éditions Seghers et HMH.Montréal, Paris, 1962).
L’image pourrait représenter François Villon dans la plus ancienne édition de ses œuvres, celle de Pierre Levet en 1489.
Nous avons présenté sur ce site interactif un long texte à propos de François Villon.