Un grand cri en faveur du Malouin Jacques Cartier qui serait notre père !
La chroniqueure Madeleine [Anne-Marie Gleason] est insultée.
Vous vous souvenez sans doute du chantre breton Théodore Botrel venu avec son épouse au printemps 1903 amasser des fonds pour élever un monument à Jacques Cartier à Saint-Malo. Il a touché une somme folle, quelque chose comme 71 000$ ou 72 000$.
«La Bretagne, avait dit Botrel, vous a donné Cartier, Rendez Cartier à la Bretagne.» Et ce fut le délire.
Plusieurs mois plus tard, le 1er février 1904, dans La Patrie, on voit bien que Madeleine en est encore toute remuée.
Il est à nous ce fier marin que [sic] voulut un jour avoir un pays pour fils, une race pour petit-fils ! Nous étions encore des êtres balbutiants lorsque nos mères nous montraient l’image du Malouin, en nous disant qu’il était le père de tous les Canadiens, celui-là, et qu’il fallait l’aimer bien fort ! Combien d’entre nous, tout petits, avons pleuré en apprenant que nous ne verrions qu’au ciel ce héros qui avait créé notre héritage national ! […]
On voulait élever un monument au découvreur du Canada, dans sa ville natale de Saint-Malo, et la Bretagne nous envoyait un de ses bardes pour resserrer encore, combien étroitement, les liens qui rattachent la nouvelle à la vieille France ! Botrel, avec sa poésie douce et vibrante, fleurant les bruyères et les ajoncs, prit le cœur canadien pour l’apporter là-bas, au pied de la statue du père de la race canadienne-française.
Mais, à Saint-Malo, ça ne se passera pas comme çà. Le maire de la ville, et je cite Madeleine, «refuse d’autoriser l’érection du Monument de Jacques Cartier, tant que les sommes perçues en France n’égaleront pas celle recueillies à l’ÉTRANGER !»
Il n’en fallait pas davantage pour Madeleine.
Étrangers à la France, nous qui avons passé, «tout seuls», à travers des siècles, sans la perdre de vue, ELLE, la grande oublieuse; étrangers à la France, nous qui avons son sang et sa langue ! Nous ! Les martyrs qui ont payé notre amour, de leur vie, regrettent-ils le sacrifice qui est si lamentablement compris ?
Les vivants disent aux Malouins de Saint-Malo :
Il est plus qu’à nous, cet héroïque Breton qui vous quitta pour venir découvrir le Canada et y fonder une nation. Il était votre frère; il a voulu être notre père ! Et nous avons le pas sur vous, messieurs, puisque nous sommes les fils. Les enfants de Cartier ont le devoir de se grouper autour de ce monument, et de faire la garde au nom du Canada français ! Ne nous écartez pas, car nos droits sont indéniables. Jacques Cartier les a inscrits au front d’une race ! […]
En dépit du titre d’étrangers que vous nous donnez là-bas, nous appartenons à la famille française, nos ancêtres à nous dorment aussi sur votre terre à vous, couchés tout près des vôtres… […]
La Bretagne nous a donné Cartier, elle ne peut aujourd’hui empêcher les Français de notre pays de s’unir aux Français de là-bas pour glorifier l’héroïque Breton qui nous a fait les fils de la France !
Il y aurait tant à dire sur les propos de Madeleine, mais je suis bien loin de partager tout ce qu’elle affirme.
Jean,
Dans un article précédent, tu faisais référence à la statue de Jacques-Cartier autrefois érigée sur la place du même nom, coin St-Joseph et de la Couronne. J’ai appris il y a deux mois, qu’elle serait bientôt installée à Cap-Rouge.
St-Roch perd non seulement un monument mais également sa place publique historique, la place Jacques-Cartier, réduite comme peau de chagrin avec la construction d’une tour de 20 étages, malgré les nombreuses protestations.
Jamais une place publique historique n’aurait pu être éliminée à la haute-ville, mais à la basse-ville… C’est bien triste cette disparition de repères historiques dans notre ville.
Louis Bélanger
Tu as raison, cher Louis, mais j’ai démarché à ce sujet, voilà déjà quelques années. Cette statue de fonte, bien belle, est tellement lourde qu’elle risquait à tout moment de s’effondrer dans le stationnement souterrain de la place Jacques-Cartier. Le Ville n’aurait pas pu la remettre à cet endroit si on maintenait le stationnement souterrain.
Cela dit, je suis content de savoir, tu me l’apprends, qu’elle va sortir des entrepôts où elle était absolument inaccessible, coincée qu’elle était (je voulais aller y faire une photographie). Et sans doute qu’on a choisi Cap-Rouge pour rappeler le troisième voyage du Malouin en 1541, qui avait même précédé le chef de l’expédition, François de Roberval.
À mon avis, ce n’est pas un site mal choisi pour qu’elle soit remise au public.
Le stationnement de la place Jacques-Cartier a été totalement refait: cinq étages pour quelque 300 véhicules. Et l’ajout d’une statue pourrait provoquer un écroulement? Je suis incapable de croire cette histoire. Être ironique ou cynique, je dirais qu’il n’y a peut-être plus suffisamment de place sur la place Jacques-Cartier pour recevoir le monument de Jacques Cartier.
Je parle de l’ancien stationnement, cher Louis. On a enlevé la statue de là, car on risquait qu’elle s’effondre à tout moment dans ce stationnement. Je ne sais si tu te rappelles les nombreux poteaux métalliques rouges qu’on avait placés dans le stationnement intérieur. Pour le stationnement moderne, je ne connais absolument pas.
C’est ce que j’avais compris, cher Jean. C’était sans doute justifié avec l’ancien stationnement. Aujourd’hui, le nouveau stationnement supporte, en partie du moins, la tour de 20 étages. Alors, y ajouter une statue ne changerait pas grand chose. Mais la place publique, si on peut encore parler de place publique, est réduite au minimum.
Salut