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Bilan du Jour de l’An

benedictionpaternelleHier, l’an 1902 naissait.

Et, quand minuit sonna, les mains se pressèrent, les verres eurent des chocs joyeux et les âmes eurent un moment d’allégresse.

Le jour de l’An est par excellence la fête des Canadiens-français. Dans nos campagnes, on ignore le «Christmas» et les cadeaux ne s’offrent qu’au premier jour de la nouvelle année.

Aussi le jour de l’an est magnifiquement fêté. Dès l’aurore, les visites commencent, les mendiants apparaissent, et le père Santa Claus, bien que fatigué par les Noëls anglais, remplit le bas avec l’intelligence et l’harmonie qu’on lui connaît. Les fils s’éveillent de bonne heure, prennent une voiture et vont, au loin, réveiller avec grand fracas les parents qui les attendent un peu.

Les petits enfants sautent au bas de leurs lits quand l’aube survient, et vont examiner, pieds nus, les bas suspendus aux foyers. Et ce sont des rires, des exclamations quand le bonhomme Santa Claus s’est montré prodigue !

Hier, la fête a été superbe. Le froid, qui nous est nécessaire en Canada pour cette circonstance solennelle, avait bien voulu montrer le bout de son nez, et le soleil avait des rayons qui souriaient. Et c’était plaisir de voir la neige, toute immaculée sous le ciel, et d’entendre le joyeux carillon des cloches, plus joyeuses dans l’air parfumé de poésie.

Les souhaits n’ont pas manqué. Sincères, trompeurs, hypocrites, intéressés, tous se sont envolés à l’unisson, et un peu de joie est entrée dans chaque foyer. Le père a gravement donné sa bénédiction aux petits, qui l’ont pieusement reçue.

Au dîner, la poule était au pot, et toute la famille se réunissait en un bourdonnement de chansons et de plaisanteries. Le sel gaulois et canadien se mêle à toutes les sauces. Parfois, quand la mère le permet, l’orchestre ouvre un air de danse, et les pieds battent la mesure.

À Montréal, dans les églises, on n’a pas oublié ce passage d’une année à une autre. Des services spéciaux étaient donnés, et des sermons choisis et éloquents se répandaient dans tous les temples.

En somme, tout le monde a pris joyeusement la chose, et c’est le cas de s’écrier : 1901 est mort, vive 1902 !

 

La Patrie (Montréal), 2 janvier 1902.

La bénédiction paternelle est une des œuvres les plus connues du dessinateur Henri Julien (1852-1908).

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