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« Réenchanter la vie»

Vero cote, la vie habitable unQuand cessera-t-on de confier le pouvoir à ceux qui réduisent l’existence ?

Il y a de nombreuses semaines, trop nombreuses, ma belle amie, Anne-Marie Olivier, grande vivante, me faisait cadeau de deux livres : celui de sa grande amie Véronique Côté, La vie habitable, et le sien, Faire l’Amour, deux ouvrages parus chez Atelier 10 à Montréal en 2014.

Ces deux livres posés sur le coin de ma table me regardaient depuis, sans mot dire. Souvent, je me rappelle : «Il nous faudrait 12 vies». Mais c’est ainsi. Et j’ai finalement traversé le livre de Véronique. Un cri, un appel aussi. Et une grande soif. Que sommes-nous à faire de nos vies ? Et elle nous tutoie. Et elle fesse. Extraits.

Rien ne peut t’empêcher de te recueillir devant une pierre humide, devant une clôture de broche, rien ne t’interdit de résister jusqu’au dernier coup d’œil.

Or, depuis l’époque des dieux uniques, des marchés internationaux, de l’accumulation des trésors, de la multiplication des biens, la conscience humaine s’est graduellement érodée. Elle se rabat sur le calcul, l’angle droit, la causalité, la rationalité, l’objectivité, toutes les coutures de ce manteau qui s’appelle la chape du pouvoir et du progrès. Nous sommes devenus unidimensionnels c’est-à-dire redevables au réel, esclaves de l’empirie.

Le prix de ce succès libéral et économique est énorme. L’histoire récente se présente comme une succession d’amputations et de sacrifices. Nous avons désenchanté le monde, perdu le sens de sa beauté, liquidé notre héritage de merveilleux, neutralisé l’efficacité symbolique de nos rapports aux objets, à la vie, à la mémoire. En principe, créer la richesse économique ne devrait pas s’opposer à la création de la beauté. Mais force est d’admettre que la machine infernale en est rendue là : rien n’arrête le progrès. […]

Quelque part dans notre pays fictif, pourtant, la poésie couve, comme un feu de maquis, comme une promesse de sens et de beauté. J’attends le jour où elle éclatera publiquement, pour nous nommer, nous faire, nous charpenter — je suis persuadée qu’en elle se cachent quelques-unes des réponses les plus éloquentes sur qui nous sommes et ce que nous contenons de possibles, d’urgences, de blessures.

Comme des rêves un peu difficiles à déchiffrer, mais renfermant toutes les clés pour résoudre nos blocages diurnes, notre poésie est pleine de ce que nous appelons, de nos potentiels inexploités, de nos aspirations secrètes, de ces manques lancinants que nous faisons semblant de ne pas sentir et dont nous ignorons délibérément les alarmes. Elle est l’inconscient du peuple — elle parle de lui mieux que n’importe quel expert, elle raconte merveilleusement bien cette identité tremblante qui est la nôtre et que nous cherchons furieusement dans les sondages et les lignes ouvertes.

Elle est un remède si puissant qu’une infime dose, administrée à tous par un espace public qui lui ferait une petite place, suffirait pour nous aider à guérir de notre indécision, de notre ennui, de notre indifférence. Notre indifférence : cet égoïsme frénétique que nous refusons obstinément de regarder en face. Cette défaite immense. […]

 

Vous avez besoin d’une alliée dans votre démarche ? En voici toute une. Âgée de 35 ans. Véronique Côté.

Merci beaucoup, chère Anne-Marie. Et promis, qu’un de ces quatre, je te rejoins dans ton Faire l’amour. Je t’embrasse. Et très belle année à Vous deux.

Pour nourrir ce propos de Madame Côté et si vous savez lire l’anglais, voir ce texte de Paul Graham que me fait parvenir mon fils sur la refragmentation devenue nécessaire. En 1950, les grands monopoles nous définissaient comme étant tous identiques. Few adults aspired to look dangerous, dit l’auteur. On le constate même dans les albums de photographies de famille. Et même les grands syndicats étaient devenus des monopoles.

On en est revenu. Le monde a maintenant tellement changé. The ultimate way to get market price is to work for yourself, by starting your own company. That seems obvious to any ambitious person now. But in the mid 20th century it was an alien concept.

Et le propos file ainsi, étonnant.

Même si vous ne fondez pas votre propre compagnie, on pourrait rajouter : N’hésitez plus jamais à faire votre fleur, à travailler à ce que vous êtes vraiment. Très bientôt, imaginez, nous serons «à la mode». … Comme si nous avions envie de l’être….. Et tenez ! Solide !

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2 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    D’un premier geste, j’allais vous écrire « point de démarche en ce moment, mais… » et puis non, je me reprends. Démarche il y a, oui. Je dirais même que cela s’impose à chacun(je pense ?), que ce soit sous forme de recherche avide ou tout simplement une avancée. Pour ne pas rester sur place…
    Démarche vers une forme de liberté intérieure, démarche qui s’est imposée, je dois le dire, pour accéder à une sorte de sérénité. Rien ne garantit qu’elle sera simple et facile, mais déjà que j’y ai planté mes deux pieds, c’est tellement bien et bon !
    Ne rien attendre, tout recevoir et apprécier, les bras ouverts, le coeur ouvert(après avoir découvert ces 4 mots: »expect nothing, enjoy everything » et aussi cette citation de Monique Proulx: »On n’est jamais aussi heureux que quand on n’avait pas prévu de l’être. »).
    Je ne saurais dire quel est le lien précis entre cette démarche et vos suggestions, mais je suis assurée que quelque chose s’y trouve… Et ciel qu’elles sont invitantes! Autant les mettre tout de suite à l’ordre du jour…
    Merci de ces magnifiques et magiques partages, puisse 2016 vous garder encore bien alerte et pétillant !

    2 janvier 2016
  2. Jean Provencher #

    Merci à Vous, Esther. Et demeurez ainsi vivante. Je trouve que ce que Vous nommez ici, c’est vraiment la marche vers la sagesse. Où il nous faut poser quotidiennement un pas vers l’avant. Découvrant que la recette, si recette il y avait, nous est propre, aux couleurs de notre propre vie. Tenons, tenons ! Poussés que nous sommes, mais aussi aux commandes. Paradoxe.
    Merci beaucoup de cette réflexion.

    2 janvier 2016

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