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Décidément, Stanislas Côté a de ces idées pour l’automne venu

pour sa chronique

L’homme tient le fort de la chronique hebdomadaire du Monde illustré en l’absence de ce cher Léon Ledieu. Pourquoi ne pas en profiter pour y aller de propositions ?

 

 

 

 

Le vent d’automne passe,

Emportant à la fois

Les oiseaux dans l’espace,

Les feuilles de nos bois;

Jours tièdes, brises molles

Pour longtemps sont chassés.

Valsez, dansez comme des folles,

Pauvres feuilles, valsez, dansez.

 

Ce premier couplet d’une romance, dont je ne sais plus quel compositeur, est plein d’actualité. Nous voici rendus à la saison des feuilles fanées, des pluies froides, des chemins boueux, des gelées blanches, pronostics de neige prochaine, des rhumes de cerveaux, des accès de goutte, mais aussi des longues veillées à la maison, des réunions au foyer, de la partie de cartes en famille, des soirées théâtrales, littéraires, musicales, etc., etc.

Après les longs jours et le soleil ardent, les longues veillées et le bec de gaz ou la lampe à pétrole ! Après le chant des rossignols, le chant des serins à la maison; après la vie du dehors au grand air, la vie entre quatre murs de l’automne et de l’hiver — mais il ne faut pas être plus triste que de raison : la Providence du Bon Dieu n’a rien fait à demi; à côté de l’amertume et de la tristesse, elle a placé le plaisir.

Voyez plutôt; d’abord l’occasion, ou si vous l’aimez mieux la nécessité, pour les maris un peu vagabonds, retenus plus souvent le soir à la maison par la crainte de contracter des rhumes ou des bronchites, de se réformer et surtout de se faire mieux aimer des enfants et de ….. l’épouse.

Ce n’est pas tout; si l’on veut varier un peu et si l’on n’est pas d’un naturel à passer toutes les veillées de la semaine à la maison, il y a les soirées musicales, les soirées littéraires, voire même les soirées dansantes soit chez madame une telle ou madame telle autre : tout cela est bon, moral et utile.

L’occasion est magnifique pour nos dames canadiennes de commencer à faire la concurrence au club, à la rue. Oh ! la rue, que de braves gens s’y gâtent ! La rue, la buvette et le petit club enfumé !

Mesdames, ouvrez vos salons et invitez les jeunes gens à venir chez vous; invitez beaucoup ! À la longue, cela vous coûtera moins cher que de ne pas inviter du tout.

 

Le Monde illustré (Montréal), 13 octobre 1888.

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