Le retour d’exil
Le Québec a connu une véritable saignée démographique au 19e siècle, à compter des années 1830, des familles entières partant pour les États-Unis. La plupart de celles-ci demeureront sur place à jamais, mais, durant les années 1880, le ralentissement économique en ramène au pays.
Le chroniqueur Léon Ledieu est heureux de les voir revenir. Dans Le Monde illustré du 31 octobre 1884, il écrit :
Des compatriotes nous arrivent tous les jours des États-Unis.
Ils ne reviennent pas en touristes, avec montre et chaîne en or et la bourse bien garnie, non, comme au pigeon de Lafontaine, il leur manque bien des plumes; les orages et les vicissitudes de la vie les ont fait vieillir et, dans les jours d’épreuves, se souvenant de la patrie, ils reviennent chercher la place du foyer disparu.
Combien d’entre eux avaient vendu la terre paternelle pour aller là-bas, chercher la fortune qu’ils avaient rêvé de faire au pays de l’imprévu, dans cette république, notre voisine tant vantée. Mais la fortune est capricieuse et change souvent de route, tandis que la misère étend ses griffes partout et saisit ceux qu’elle peut atteindre.
La fermeture d’un grand nombre de fabriques de la Nouvelle-Angleterre est la cause du retour d’un grand nombre de Canadiens qui, cette fois, il faut l’espérer, ne nous quitteront plus.
Allez au Nord, mes amis, je vous l’ai déjà dit, mais je le répète encore, la plaine est grande, il y a place pour tout le monde, et au moins on y parle la langue du pays.