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Nouveau voyage dans le monde des serpents de mer

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À la fin du 19e siècle, la presse québécoise ne manque jamais d’entretenir ses lecteurs de serpents de mer. Les nouvelles sont nombreuses à ce sujet. Nous y revoici à nouveau.

Le grand serpent de mer a toujours fait partie du domaine de la fable, malgré que la presse signale ses apparitions annuellement, soit en une des îles Açores, soit dans le golfe du Mexique, ou près des côtes de l’Amérique du Sud.

Ce matin, les représentants de la presse en faisant leur visite au poste central de la police [à Montréal] ont été épatés en apprenant de la bouche du sergent Trempe, chargé du poste d’Hochelaga, qu’un monstre marin avait été vu dans le St-Laurent, dans le chenal des steamers, en face de la nouvelle municipalité de Maisonneuve.

C’était une espèce de serpent qui suivait le steamer Vancouver qui remontait le fleuve hier après-midi. L’officier nous dit qu’il tenait l’histoire d’un monsieur Eustache Monty, épicier de la rue Déséry, à Hochelaga. Le vent souffle depuis huit jours aux histoires de serpent.

Tous les jours, nos confrères de la presse anglaise en découvrent de nouvelles. Cette fois, nous tenions le grand serpent de mer, qui daignait pour la première fois visiter nos parages. Le reporter de la Patrie se transporta immédiatement à Hochelaga où il apprit par les cents bouches de dame rumeur qu’un animal monstrueux avait été vu dans la rivière.

Ce monstre avait une tête de la dimension d’un baril à farine, sa longueur était d’environ trente pieds. M. Laberge, le gardien de la barrière de péage de la Longue Pointe, dit qu’une personne digne de foi lui avait rapporté qu’il avait vu la bête en question.

Elle cassait avec ses dents de grandes pièces de bois flottant sur la rivière. Tout à coup, le monstre fut pris de convulsions et le flot vint le déposer près de la grève de la propriété de Mademoiselle Cuiller, où il expira. Telle a été la fin du grand serpent de mer qui a visité Hochelaga hier après-midi.

Nous donnons cette histoire sous toute réserve, car notre reporter n’a pu réussir à trouver le cadavre du serpent. Nous n’étions pas au bout des histoires de serpent.

Hochelaga, la chose nous a été assurée ce matin par des citoyens dignes de foi dans la place, a un serpent de mer autrement dangereux. C’est un serpent qui a élu domicile depuis quinze jours dans la cave de M. François Picard, boucher, résidant en face des villas de M. Rolland.

Ce reptile, qui a quinze pieds de long et une circonférence d’environ huit pouces, a pénétré dans la cave par la bouche d’un soupirail à effleurement de terre. M. Ernest Picard, âgé de 20 ans, a vu le monstre dans la cave. Il était enroulé sur lui-même et son corps formait quatre anneaux.

Mademoiselle Rosanna Harnois, pensionnaire chez M. Picard, déclare avoir vu le monstre et qu’il grinçait des dents. Le serpent n’est pas toujours dans la cave de M. Picard. Il fait des promenades hors de la maison qui durent jusqu’à trois jours, mais il revient toujours à sa place de prédilection. M. François Picard dit qu’il a tendu un piège à renard pour attraper son sinistre visiteur. Ce matin, le serpent n’était pas encore pris.

 

Le Franco-Canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu), 24 octobre 1884

Déjà, une première fois, le 11 novembre 2014, nous avions parlé du serpent de M. Picard, puis une seconde fois, le 27 novembre 2014.

Ci-haut, ce serpent est une création de l’artisan Rock Leblanc, de Sainte-Sophie-de-Lévrard.

 

 

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