Savoir reconnaître la beauté
En 2011, l’écrivain, poète et calligraphe chinois, François Cheng, né en 1929 en Chine et naturalisé français en 1971, publie chez Desclée de Brouwer, Collège des Bernardins (Paris), l’ouvrage Œil ouvert et cœur battant, Comment envisager et dévisager la beauté.
L’homme a l’âge de savoir qu’il faut s’efforcer de vivre le plus souvent possible dans les plates-bandes de la beauté. Réflexions extraites de cet ouvrage.
Nous ne sommes pas tous artistes; mais tous nous avons part à la beauté. En réalité, nous sommes tous plus ou moins artistes. Le simple fait de vivre suppose un certain art de vivre. Nous savons par exemple disposer des fleurs pour égayer notre demeure, dresser l’oreille pour écouter un chant d’oiseau, jouir d’un jardin au printemps ou du coucher de soleil sur la mer. Tout cela est bien. Toutefois, si nous voulons dépasser les clichés, dépasser l’habitude de réserver la beauté à seulement quelques moments privilégiés, nous devons apprendre à habiter poétiquement la terre comme l’a proposé le poète Hölderlin. Car la beauté, ce don qui nous est offert sans réserve, est omniprésente. Il faut savoir en capter les plus humbles manifestations. Ces fleurs anonymes qui poussent dans les fentes d’un trottoir, ce rayon de soleil qui soudain fait chanter un vieux mur, ce cheval pensif au milieu d’un pré après la pluie, cet enfant qui offre un caillou coloré à un vieillard sur un banc, ces fragrances et saveurs que la mémoire réveille…
Ou encore ce merle qui me fit tant rire la semaine dernière. Installé sur le bord du bain d’oiseaux, le voilà indisposé par quelques feuilles qui y flottaient. Il les prit une à une dans son bec et le jeta au sol dans un mouvement sec presque de colère. Très très amusant à observer !!!
Bravo, Ode, d’avoir surpris ce moment de grâce !
« apprendre à habiter poétiquement la terre. » Que voilà une belle invitation !