Berthier refuse l’éclairage électrique
Nous sommes en 1905 quand même. Un citoyen de Berthier, une ville le long du Saint-Laurent à mi-chemin entre Trois-Rivières et Montréal, est fort déçu. Il envoie une lettre qui a pour titre «Une ville qui refuse la lumière» au quotidien montréalais La Patrie. Le journal la publie le 6 octobre.
Notre bonne vieille petite ville de Berthier vient de refuser de conclure l’arrangement final qui devait nous doter de la lumière électrique pour l’éclairage des rues et des maisons.
Hélas, l’opposition combinée du maire et de trois conseillers a fait triompher une politique d’éteignoir.
Et pourquoi cela ? Simplement parce que la compagnie qui entreprenait l’éclairage voulait que quiconque prendrait 5 lampes de 16 bougies chacune eut droit à un compteur et payât un minimum d’une piastre par mois, soit douze piastres par an.
Cela a littéralement et irrémédiablement terrifié nos pères conscrits. Y pensez-vous ? Garantir $12 par an pour un éclairage de 80 bougies, soit dans une maison privée, soit un magasin !
C’est à faire croire à nos voisins et aux amis du progrès qu’à Berthier nous avons peur de la lumière électrique et des avantages qui en découle, que le pétrole et son commerce sont notre desideratum et qu’à Berthier l’on trouverait encore des gens qui se serviraient dans un but d’économiser des séculaires lampes en fer battu alimentées avec l’odorifiante huile de poisson et suspendues au plafond enfumé par la légendaire crémaillère de nos arrière-grands-parents.
Un citoyen honorable.