Il peut en coûter cher à une téléphoniste de converser avec un bel inconnu pendant son travail
On mande de Cincinnati que la compagnie du téléphone vient de remercier une cinquantaine de ses employées surprises à fleureter par téléphone.
Ici, comme partout ailleurs, les jeunes filles employées par la compagnie du téléphone ne sont pas insensibles aux compliments, surtout lorsqu’ils viennent de la part d’un homme riche et bien en vue. Or, depuis un certain temps, la compagnie recevait tous les jours des plaintes de clients qui avaient réclamé la communication à grands cris et avaient dû s’en passer tout à fait ou bien attendre patiemment que la demoiselle du téléphone ait fini de fleureter avec un abonné. La compagnie a alors décidé de rechercher les coupables et pour les découvrir s’est servi du procédé suivant :
Plusieurs hauts fonctionnaires de la compagnie ont passé toute une journée à téléphoner sur différents points de la ville et, chaque fois qu’ils demandaient la communication, en entendant la voix de la jeune fille qui leur répondait, s’écriaient : «Mon Dieu, quelle douce voix ! Sûrement vous devez être très jolie.»
La conversation, après ce compliment, s’engageait souvent et, dans une cinquantaine de cas, elle est devenue très tendue lorsque la jeune fille a appris que le complimenteur qui lui téléphonait était M. X…, riche commerçant, etc.
Le lendemain, les jeunes filles ont appris que, pour avoir écouté avec trop d’intérêt les galants propos du riche commerçant, elles étaient mises à la porte. Elles ont quitté leur emploi en jurant, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendrait plus.
La Patrie (Montréal), 14 septembre 1904.
L’illustration provient de La Patrie du 10 septembre 1904.