Ce qu’on sait de la planète Jupiter
À l’occasion du rapprochement de Jupiter en octobre 1904, La Patrie (Montréal) du 7 septembre prépare quelques semaines à l’avance son public lecteur.
Le mois prochain, lorsque le soir venu on examinera […] le ciel, on pourra admirer Jupiter, qu’on verra briller d’un éblouissant éclat.
Jupiter est un globe massif énorme, le géant de notre système. Il évolue à une distance du Soleil cinq fois plus grande que celle de la Terre. Il met près de douze ans à accomplir sa révolution. Il pèse environ 310 fois plus que notre planète et il a un volume plus de 1200 fois supérieur. À l’œil nu, ce n’est pourtant qu’un point lumineux.
Une simple lunette d’approche suffit pour agrandir ce point, lui donner une forme ronde et permettre de distinguer les quatre satellites qui gravitent autour de lui. Enfin, dans le champ d’une lunette astronomique ordinaire, il apparaît comme un astre majestueux : on reconnaît la forme sphéroïde de son disque comprimé aux deux pôles et les nuageuses traînées qui sillonnent ses zones équatoriales.
Le diamètre de Jupiter n’est que le dixième de celui du Soleil. Sa surface est égale à celle de 114 Terres, et sa circonférence étant de plus de cent mille lieues, une bande de papier longue comme d’ici à la Lune n’en ferait pas complètement le tour. […]
Jupiter tourne sur lui-même en gardant son axe vertical. De cette absence d’inclinaison de l’axe de rotation de la planète, résulte l’absence totale de saisons et de climats. Toute l’année, les jours ont la même durée : il n’y a ni zones tropicales ni cercles polaires; de l’équateur aux pôles, la température décroît harmonieusement; il règne là un éternel printemps. […]
Quatre satellites escortent Jupiter. Ils se meuvent suivant quatre orbites différentes. Le plus proche est à 107,500 lieues de la planète, le plus éloigné à 478,500 lieues. On les a poétiquement dénommés Io, Europe, Ganymède et Callisto. La présence de ces quatre lunes, qui marchent chacune à une vitesse différente, et la fréquence des églises [sic] qui en résultent ne sont pas une des moindres curiosités du ciel de Jupiter. Curiosité d’ailleurs inutile s’il n’y a pas sur la planète de vivants pour s‘en inquiéter.
C’est du reste l’observation de ces satellites qui nous a permis, à nous autres terriens, de calculer très exactement la vitesse de la lumière.
Telles sont brièvement résumées nos connaissances les plus simples sur la planète qui va être l’un des diamants de nos soirs d’automne.