«Sorcières et sorciers»
En 1884, à Paris, on a l’embarras du choix pour trouver quelqu’un prédisant l’avenir. Et beaucoup ont la méthode qui leur est propre. Le Canadien (Québec) du 17 septembre 1884 y va de cette nouvelle.
Il y a aujourd’hui dans Paris six mille devineresses de tout ordre et de tout rang. Disséminées dans tous les quartiers de la grande ville.
Les unes se servent de somnambules pour pénétrer le secret de l’avenir, les autres ont recours aux cartes ou aux lignes de la main; celles-ci fréquentent les foires des environs de Paris, celles-là attendent les clients dans de somptueux appartements; les premières prennent 1 franc, les secondes un louis. Il y en a donc pour tous les goûts et toutes les bourses.
Ajoutons que la clientèle et le prestige de la fameuse demoiselle [Marie-Anne-Adélaïde] Lenormand [1772-1843] ont été achetés fort cher il y a déjà quelques années par Mme Moreau, qui est aujourd’hui dans l’aisance. Elle ne travaille presque plus, de même que M. Desbarolles.
Le sorcier Edmond dont tout Paris s’est occupé il y a près de vingt-cinq ans, a eu pour continuateur Mme de Châtellier, la reine des nécromanciennes actuelles.
Elle habite alternativement Paris, Nice, Rome et Milan, et ne donne pas de consultations à moins d’un louis. Elle fait payer 100 francs ses horoscopes.
Quant à l’ex-sorcier Edmond, il vit toujours, mais il a renoncé à la sorcellerie.
L’illustration de la nécromancienne et cartomancienne Marie-Anne-Adélaïde Lenormand apparaît sur la page Wikipédia qu’on lui consacre.