Allez, un peu de médecine populaire, celle-ci du Poitou
L’hebdomadaire montréalais Le Bulletin, du 5 août 1906, en fait sa une.
La Revue des «Traditions Populaires» indique quelques remèdes en faveur de la médecine populaire dans le Poitou.
S’agit-il de guérir un fiévreux ? Prenez une araignée noire que vous rencontrerez sans la chercher; mettez-la entre deux coquilles de noix, enveloppez d’un linge blanc. Quelques heures avant l’accès [sic], suspendez au cou du malade, lequel doit ignorer ce que le paquet contient. Quand l’araignée sera morte, la fièvre sera coupée.
Mettez dans une bourse autant de petits cailloux que vous avez de verrues sur les mains, jetez la bourse au milieu d’un chemin; qui la ramassera héritera de vos verrues.
En enfonçant un clou avec un marteau dans une porte ou en allant de très bonne heure puiser de l’eau à un puits très profond, on arrête soudain le plus vif mal de dents.
Ceignez vos reins d’une corde ayant servi à nouer un pain de sucre, mais n’ayant absolument servi qu’à cet usage, vous vous débarrasserez de vos douleurs lombaires.
Pour guérir du carreau — espèce de mal de ventre — il faut aller sur le territoire d’un ancien fief de grande noblesse, y couper avec la bêche un morceau de gazon, le retourner. Le mal s’en va à mesure que l’herbe pourrit.
La sagesse parisienne n’ignore pas ces sortes de remèdes. Pendant une épidémie de fièvres typhoïdes, un cocher d’omnibus confiait à son voisin : «Il n’est pas de maladie plus facile à guérir». Vous fendez un pigeon vivant; vous l’appliquez sur le front du malade; le pigeon tombe en pourriture; il a tiré tout le mal. Je l’ai dit à un médecin. Il m’a répondu : «C’est vrai. Mais si l’on divulguait des remèdes aussi simples, nous ne pourrions plus vivre».
On connaît en Poitou de bien autres recettes [sic].
Le pivert se frotte le bec contre une certaine plante afin de percer plus facilement les arbres. Frottez vos mains avec cette plante, et rien ne vous résistera.
Veut-on se faire suivre de la personne qu’on aime ? On met une grenouille verte dans une boîte percée de trous qu’on abandonne ensuite sur une fourmilière. On prend, quelques jours après, ce qui reste de la bête, on le broie, on le jette en poussière sur la personne aimée… À Montréal, c’est souvent plus simple.