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«La vie sur les planètes»

martien

Celui qui signe Thomas Grimm croit à la vie sur d’autres planètes et il cherche à le prouver dans cet article que publie La Patrie du 27 juillet 1900. Comment s’y prend-il ?

À l’hypothèse très vraisemblable que les planètes de notre système solaire, que celles accompagnant d’autres étoiles que le Soleil sont habitées, on oppose généralement des objections tirées de leurs conditions plus ou moins différentes de celles de la Terre. Il y est répondu par la comparaison que voici, assez plaisante sous sa forme d’apologue :

Des poissons de mer se trouvant à l’embouchure d’un fleuve causent entre eux. Le plus savant émet l’opinion approuvée par ses doctes collègues que, comme il n’y a pas de sel dans l’eau de ce fleuve, il ne peut y avoir de poissons.

Eh bien ! pourquoi ne pas admettre — en continuant l’apologue — que, malgré l’absence de sel, les planètes soient habitées, les organisations de leurs habitants pouvant être appropriées à leurs conditions quelque différentes qu’elles soient de la Terre.

Ces planètes ont leurs continents solides, leurs mers, leurs fleuves, leur atmosphère, et la vie peut y être développée comme sur notre globe, si ce n’est mieux. Seulement, ces continents peuvent être formés par d’autres corps que sur la Terre, l’eau de ces mers, de ces fleuves peut ne pas être du protoxyde d’hydrogène, et leur atmosphère peut être constituée par d’autres gaz que les nôtres.

Mais les êtres vivants ne s’y développeront pas moins parfaitement, parce que leur sève, leur sang n’auront pas pour base le protoxyde d’hydrogène, mais la même combinaison chimique qui forme l’eau de ces planètes.

De même leur respiration peut s’accomplir parfaitement dans leur atmosphère différente, comme mélange gazeux, de la nôtre, parce que ces gaz sont parfaitement adaptés à la composition chimique de leurs corps ou plutôt parce que la composition chimique de leurs corps est adaptée à leur atmosphère. […]

[Camille] Flammarion, auquel il faut toujours en revenir quand il s’agit des mystères de la création, a dit en parlant des autres mondes : «Là souffle un air qui n’est point terrestre; là fleurissent des plantes qui ne sont pas des plantes; là coulent des eaux qui ne sont pas des eaux». […]

Nombre d’astronomes, de philosophes, de savants ont, en résumé, cette conviction qui se répand peu à peu : à savoir que tous les mondes de l’Univers sont ou seront habités.

Toutes les planètes de notre système solaire sont dans ce cas. Et parce que le volume de Mars est près de quatre fois moindre que celui de la Terre, c’est n’est pas une raison de penser que ses habitants soient quatre fois moins intelligents que ceux de notre globe.

L’intelligence ne peut pas être en proportion du volume des mondes et du volume des êtres peuplant ces mondes.

Le moineau est plus intelligent que la baleine, et le requin est de beaucoup inférieur à la fourmi et à l’abeille.

Swift avait raison en inventant, dans son ouvrage les Voyages de Gulliver, des hommes minuscules, des Liliputiens, qui nous valaient bien comme intelligence et avaient les mêmes passions que nous, et des hommes géants (dans le pays de Brabdingnag), qui n’étaient pas supérieurs aux hommes ordinaires.

N’est-il pas aussi remarquable qu’il ait deviné que Mars avait deux satellites et que leurs révolutions autour de la planète étaient très rapides (découvertes dont il faisait honneur aux astronomes imaginaires de l’île volante de Laputa), alors que nos astronomes n’avaient encore rien découvert.

L’imagination des romanciers et des poètes a quelquefois prévu la vérité et devancé la science.

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