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La première auberge Neptune à Québec

neptune inn 1830Nous évoquions la seconde auberge Neptune à Québec, celle de Joseph Thomas LeVallée. Ouverte au tout début du 20e siècle, elle disparaîtra malheureusement dans un incendie en 1925.

Comme la deuxième auberge, la précédente ouvre ses portes au même endroit, au pied de la côte de la Montagne, coin de la rue du Sault-au-Matelot, à la basse-ville. Elle est la propriété d’un certain William Arrowsmith et on la présente, dès son ouverture, le 1er mai 1809, comme une «house of public entertainment» pour les capitaines de navire.

Bientôt, le Neptune Inn devient aussi le lieu de rencontre favori des marchands, qui s’y retrouvent, entre autres, en décembre 1816 pour fonder le Merchant’s Exchange. La figure de proue qui orne la devanture de l’édifice proviendrait du navire Neptune échoué à l’île d’Anticosti vers 1817. Pour les Anglophones, c’est là la représentation de Neptune, le dieu romain de la mer qui, avec son trident, peut commander aux flots, susciter et apaiser les tempêtes et faire jaillir les sources. Mais, pour les Francophones, «davantage pénétrés du Petit Catéchisme», écrit James M. LeMoine (Picturesque Québec, Montréal, Dawson, 1882), cette figure de proue représente le Prince des Ténèbres, le diable et sa fourche.

Par bonheur, le journaliste irlandais Edward Allen Talbot, qui séjourne au Canada de 1818 à 1823, s’y amène un soir avec le capitaine Blake, un de ses amis, et il nous fait découvrir l’endroit (Cinq années de séjour au Canada, Paris, Boulland et Compagnie, 1825, tome 1).

En arrivant, on nous invite à passer dans une grande pièce où se trouvent déjà environ 30 loups de mer. Nous entrons sans cérémonie et découvrons que chaque personne a devant elle un grand gobelet d’alcool, un calumet de trois pieds et demi de long [plus d’un mètre] et une feuille du meilleur tabac de Virginie. Dans le temps de le dire, voilà qu’on nous sert les mêmes choses. Je bois bien une partie de cet alcool vraiment délicieux, mais je demande qu’on me dispense de la pipe et du tabac.

Il fait extrêmement chaud; la pièce est enfumée et on y sent une forte odeur de transpiration. Je quitterais volontiers la place; mais comme je suis l’invité du capitaine, qui m’apparaît aussi heureux en compagnie de ses frères amphibies que s’il était tout occupé à la découverte d’une longitude, je ne peux vraiment pas me retirer, à moins qu’il ne m’en donne le signal.

Ces fils de Neptune parlent de voyages au long cours et de tous petits voyages, de vaisseaux bien construits et de rafiots, des grandes joies de la vie en mer et des propriétés hilarantes du Cognac Brandy.

Le quotidien montréalais La Patrie du 15 juillet 1901 déplore la disparition vers 1870 de la figure de proue du Neptune. La statue de Neptune disparaissait de l’entrée principale il y a une trentaine d’années au grand regret de la génération de l’époque qui avait fini par avoir un respect tout particulier pour elle et par la considérer comme une véritable relique historique.

 

La gravure du Neptune Inn de l’officier et aquarelliste James Pattison Cockburn (1779-1847), datée de 1830, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Gravures et autres images fixes, cote : P600, S5, PIMC32-3.

16 commentaires Publier un commentaire
  1. Julie Le Vallée #

    Cher M. Provencher, Il est toujours agréable de vous lire sur l’hôtel de ma famille. Vos écrits me rappellent les histoires que me racontaient mon grand-père et mon arrière-grand-père qui ont habité l’hôtel Neptune longtemps.
    Merci!

    10 août 2015
  2. Jean Provencher #

    Ah, chère Madame Le Vallée, je suis heureux, très heureux, de votre commentaire soudain. Je ne savais que ce cher Tom avait laissé une descendante !!! Merci, merci beaucoup de nous être apparue.

    10 août 2015
  3. Julie Le Vallée #

    Cher M. Provencher,

    Tom a encore de la descendance à Québec. Le dernier à porter le nom avec moi, mon fils de 17 ans prénommé…Thomas Le Vallée !
    Encore merci de ce site si intéressant.

    Julie

    10 août 2015
  4. Jean Provencher #

    Ô ! Je Vous prie de saluer votre fils. Et ne manquez pas de lui dire d’être fier !

    10 août 2015
  5. J’aimerais apporter quelques précisions concernant les Le Vallée et l’Hotel Neptune Inn. Il y’a beaucoup de descendants de Thomas Le Vallée au Québec.Comme ces Le Vallée ont mis au monde une grande quantité de filles, elles ont en grand nombre pris le nom de leur époux comme c’était l’a coutume jusqu’à dernièrement, leur nom de Le Vallée s’est estompé. Le Neptune !! La petite auberge dont il est ici question n’est pas l’ancêtre Neptune Inn. Mon grand-père, Thomas a fait l’acquisitions de l’édifice qu’occupait le Morning Chronicle au bas de la Côte de la Montagne en 1900 , qu’il nomma le Neptune Inn .Il fit sculpter la déesse Neptune qui se trouverai au Musée des beaux arts. J’ai écrit un livre biographique ( Septentrion ) La Côté Nord contre vents et marées .,sur mon grand père maternel N.A Comeau, dans lequel je parle abondamment des Le Vallée .

    1 mars 2020
  6. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère madame Pauline, pour ces renseignements bien importants.

    1 mars 2020
  7. Julie Le Vallée: Je déduis que vous êtes la fille d’Helene décédée en mai 2007 . votre grand-maman , Marguerite…votre grand-père était-il, George ? J’aimerais bien communiquer avec vous. Si m. Provencher me permet de passer par lui pour vous joindre… J’aimerais , vous dire m. Provencher, que je me suis nourrie de vos Quatre saisons qui sont mes références historiques !

    1 mars 2020
  8. Jean Provencher #

    Voilà, madame Julie Le Vallée. Si Vous êtes là, faites-moi parvenir un courriel à l’adresse ci-jointe : blogue@jeanprovencher.com

    Je vais faire suivre votre adresse à madame Pauline Le Vallée Boileau.

    Et merci beaucoup à Vous, madame Pauline, pour vos propos qui me rendent heureux sur mon ouvrage Les Quatre Saisons dan l a vallée du SaintLaurent.

    1 mars 2020
  9. Claude Arsenault #

    Mon père a dormi à l’Hotel Neptune, lors de la conscription au printemps 1918. J’ai copie de la lettre qu’il a envoyée à ma mère. (avec le nom et l’adresse de l’Hotel bien identifiée sur papier officiel)

    19 mars 2020
  10. Jean Provencher #

    Ô ! Merveilleux ! Continuez de conserver cette lettre, c’est une magnifique pièce d’archives !
    Et a-t-il donné la date de sa lettre ?

    19 mars 2020
  11. Claude Arsenault #

    L’Hotel est au nom de Geo LeVallée. La date est le 31. Le papier est très vieux comme vous pouvez vous imaginer! Le mois est moins visible mais ça semble MARS ou MAI et ça concorde avec la fin des hostilités. Mon père et tous les autres ont rebroussé chemin le lendemain.

    19 mars 2020
  12. Jean Provencher #

    La fin des émeutes de Québec survient le 1er avril 1918, alors que quatre citoyens sont tués dans le bas de la ville de Québec, coin Saint-Joseph, Saint-Vallier et Bagot. La première guerre mondiale va se terminer avec la signature de l’armistice le 11 novembre 1918.

    19 mars 2020
  13. danielle savard #

    mon grand-pere maternel s appelait joseph thomas Le Vallé décédé le 26 mai 1923 a l age de 79 ans il a ete propriétaire du neptune il a eu 21 enfants dont ma mère Gilberte Le Vallé mais je n est pas connu bcp la famille etant moi meme agée de 68 ans j aimerais connaitre l histoire de ma mère. Je ne sais pas le nom de sa femme (ma grand-mère)de Thomas Le Vallée merci a vous Danielle Savard

    24 octobre 2020
  14. Jean Provencher #

    O la la, chère Madame Savard, il faudrait que vous vous lanciez dans une grande recherche.
    Et je ne sais trop par quel bout vous devriez commencer.

    Vous informer d’abord auprès de votre parenté. Et pour la suite, vous verrez.

    24 octobre 2020

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