Quand le vent se lève sur le grand lac Saint-Pierre
Les bateaux deviennent des coquilles de noix et les voyageurs sont gagnés par la crainte. La tempête de vent du 22 mai 1883 en fut une vraie. Les femmes sur le Chambly de Montréal à Sorel eurent bien peur, mais elles n’étaient même pas sur le lac lui-même. Trève de mots, lisons plutôt le récit du Sorelois du lendemain, le 23 mai.
C’était hier sans doute la plus forte tempête de vent dont nous ayons été témoins depuis bien des années. C’était quelque chose de saisissant de voir les vapeurs Chambly, Trois-Rivières et Mouche-à-feu doubler la pointe hier soir.
Chacun disparaissait dans la profondeur des vagues pour reparaître de nouveau en butte à toutes les commotions terribles causées par cet ouragan. À bord du Chambly, la panique a été continuelle pendant tout le cours du trajet de Montréal à Sorel. Les passagers, les femmes surtout, désolées, se livrèrent pendant tout le voyage à des prières et à des chants pieux jusqu’à l’arrivée à Sorel.
Il n’en fut pas ainsi du Trois-Rivières qui secoué en tout sens par la lame a subi quelques dommages; son premier pont en avant des ailes a été brisé par la forte pression de l’eau; il a été obligé de rester au port pendant la nuit avant de s’aventurer plus loin.
Un navigateur qui arrive d’en bas du fleuve nous annonce que la tempête a été terrible dans le lac; il a pu voir cinq bâtiments naufragés, deux autres ayant subi des dommages considérables abandonnés et battus par une vague terrible. Deux personnes se tenaient dans le haut du mât de ces bâtiments : impossible de leur porter aucun secours.
La photographie de l’érosion causée par le vent à Lanoraie, en bordure du Saint-Laurent, est d’Omer Beaudoin. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS1, P26214.
Trackbacks & Pingbacks