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Chères espèces disparues

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Nous étions bien une douzaine à causer de nos bêtes et de nos plantes disparues. Rappelez-vous, je vous l’annonçais il y a quelques jours.

Au début, cela tenait de la croix et de la bannière. L’ordinateur portable de la Ville ne fonctionnait pas. Malheur. Mon ami Daniel part chercher le sien chez lui, un Apple, mais le câble de raccordement n’était pas compatible avec le reste de l’équipement. Par bonheur, Barbara Lépine, elle, d’une extrême gentillesse, notre soutien engagée pour l’après-midi, a eu le réflexe d’aller chercher l’ordi de son amoureux chez lui, celui-ci compatible. Et, manifestement, le lieu même de la rencontre, la dépendance de la Maison Hamel-Bruneau, non isolée, n’avait pas été chauffé de l’hiver. Pour nous, on avait activé deux chaufferettes de construction, la veille.

Mais, finalement, après une heure, nous avons fait bon cœur contre cette mauvaise fortune. Plongeons donc au secours de nos espèces disparues.

Et ce fut un charme. Les bêtes, les plantes sur lesquelles nous échangions sont des êtres uniques. Comment ne pas en être attachés. D’une certaine manière, nous les empêchions de mourir définitivement. Nous les prolongions à travers nous.

Voyez simplement la Lipocarphe à petites fleurs (Lipocarpha micrantha), minuscule, très particulière, une toute petite plante annuelle de 2 à 10 centimètres de haut, petit bijou qui ne pousse qu’en milieux sablonneux ensoleillés et humides, la seule représentante d’un genre tropical à se rendre aussi loin au nord.

La répartition de cette espèce s’étend du Brésil au Canada. Il existe des populations isolées, disjointes de leur aire principale, à l’ouest (Californie, Colombie-Britannique), et à l’est (Maine).

Ses exigences écologiques sont spéciales. Il lui faut des plages sablonneuses ou des dépressions inter-dunaires aux endroits protégés des vagues et des courants. Elle ne tolère pas la compétition avec d’autres espèces. Ces conditions sont maintenues par la fluctuation saisonnière des niveaux d’eau (qui empêche une végétation dense de s’installer).

Madame exige aussi à la fois un sol exondé pour germer et fleurir et un sol périodiquement inondé pour empêcher d’autres espèces plus vigoureuses de dominer le milieu. Ses graines germent tard l’été, au moment où les niveaux d’eau sont les plus bas; les plantes, elles, fleurissent et libèrent leurs graines en août et septembre.

Les principaux facteurs qui menacent ses populations sont les activités récréatives sur les plages de sable et le contrôle artificiel des niveaux d’eau empêchant les inondations saisonnières. Peut-on imaginer plus exigeante ? J’aime beaucoup.

Le frère Louis-Alphonse l’a découverte en 1952 sur un rivage sablonneux de la baie Missisquoi. Et elle n’a pas été revue au Québec depuis 1957.

Quand je vous dis que ce fut un charme. Comment ne pas faire bon cœur !

Merci infiniment à mon cher ami Pierre Morisset, biologiste botaniste, grand homme méconnu, cheminant, qui m’a tant aidé pour ce mandat; on le voit d’ailleurs ici prenant la parole. Merci à la Maison Provancher qui nous a sollicités pour cette rencontre. Et merci beaucoup à Madame Barbara Lépine pour son accueil si précieux, et ses talents de photographe. D’entrée de jeu, malgré nos malheurs, nous nous sentions en confiance.

La photographie de la Lipocarphe à petites fleurs, si petite et si exigeante, provient du site suivant.

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