La fin du monde à la cathédrale de Saint-Hyacinthe
À la une, sous le titre «Panique folle dans un temple», le quotidien montréalais La Patrie, du 6 avril 1908, y va de ce texte, qui lui provient de son correspondant à Saint-Hyacinthe.
Une insignifiance peut quelquefois produire une panique.
Comme on le sait, il se fait des travaux de réparation très considérables à l’église cathédrale, et il ne manque pas de gens qui s’imaginent que l’édifice a perdu de sa solidité. Ils vont à l’église, c’est vrai, mais avec une certaine crainte.
Vendredi soir, c’était la retraite des femmes, et toutes les places étaient occupées. Le chœur lui-même en était rempli.
Au beau milieu du sermon, un grand banc sur lequel une douzaine de retraitantes étaient assises s’est brisé, avec un bruit terrible. Il n’en fallait pas plus. Une bousculade en règle s’en est suivie, toutes les femmes voulant sortir à la fois, s’attendant à chaque instant à recevoir sur la tête le toit de l’église.
Six d’entre elle ont PERDU CONNAISSANCE et plusieurs ont été blessées.
Un prêtre qui se trouvait dans la foule, et qui n’avait pu se rendre bien compte de ce qui venait de se produire, donnait sa bénédiction aux personnes qui se trouvaient près de lui, pensant que leur fin était proche.
Les sacristains nous disent qu’à la fin de l’office, ils ont fait une récolte très fructueuse de chapelets, des livres, de prières, de claques, de peignes et de bracelets.
Il est fâcheux que de pareilles alertes se produisent, car, c’est certain, l’église n’a jamais été aussi solide qu’elle l’est aujourd’hui. Toutes les fondations ayant été remises à neuf.
L’illustration est parue dans L’Album universel du 15 juillet 1905. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Églises».