Les jeux du printemps
Lorsqu’arrive le printemps, les enfants d’aujourd’hui sortent bicyclettes, trottinettes, planches à roulettes. La Patrie du 3 avril 1909 fait sa page couverture sur les jeux du printemps des enfants d’hier. Attention : condescendance.
Les jeux du printemps vont bientôt commencer et nos petits amis qui ont été si heureux de l’arrivée de la neige seront encore plus heureux de son départ. Bientôt, aux grands jours du printemps qui se lèvent tôt et se couchent tard, ils pourront en toute liberté prendre leurs ébats dehors sans paletot encombrant, sans pesantes chaussures, sans mitaines qui rendent malhabiles aux jeux d’adresse.
Les jeux du printemps ! que d’espérance joyeuses ils contiennent pour les petits, combien sont-ils regrettés par ceux qui les ont perdus et ne savent plus les retrouver.
Bientôt, on pourra voir dans les allées du parc et souvent sur les trottoirs les enfants gaies et rieurs faire de bonnes parties. Les billes, le cerceau, la toupie, le vélocipède dont certains ressemblent à s’y méprendre aux automobiles, se partageront leurs ardeurs juvéniles.
Après les rigueurs de l’hiver, il est bon que les enfants puissent s’ébattre librement au grand soleil qui fait renaître la nature de son long engourdissement. Il est bon qu’ils courent, qu’ils sautent à la corde, qu’ils fassent en vélocipède de longues randonnées, car ainsi ils se forment à la fatigue en s’amusant, s’endurcissent aux dures nécessités que peut-être la vie leur tient en réserve.
Pour eux encore plus que pour leurs aînés, leurs grands frères, la course qui est un exercice de violence est nécessaire après l’heure d’étude, ou après la classe. Et nous ne comptons pas que lorsque les petits garçons et les petites filles ont bien joué dehors avant dîner.
Ils mangent bien, dorment encore mieux et presque tout de suite certains s’endorment même à table, ce qui a bien son avantage sur les parents.
Amusez-vous bien, petits, c’est de votre âge ! Profitez-en, car il passe et ne revient plus. Amusez-vous bien, petits ! pour que votre vieillesse soit heureuse encore à son seul souvenir.
L’illustration est extraite du livre d’Ole Könnecke, Le Grand Imagier des petits (2011).