Propos sur le suicide
Aujourd’hui, il y a une sorte d’entente entre les médias pour ne pas parler du suicide, car on croit que ça pourrait encourager les candidats à poser le geste. Or, dans la presse québécoise d’il y a plus de 100 ans, on cause du suicide allègrement, expliquant même, dans les détails, la manière dont un candidat s’y est pris.
Le 30 mars 1886, Le Sorelois fait même sa «une» avec un texte sur une étude anglaise sur le suicide. Voici à l’intention des personnes qui travaillent dans le domaine cette contribution à l’histoire du suicide. Je serais incapable de dire s’il y a des similitudes avec aujourd’hui.
La Semaine médicale résume ainsi une communication sur le suicide en Angleterre faite récemment à la Société de statistique de Londres.
M. Ogle, le registrar general, a communiqué dernièrement à la Société de statistiques de Londres le résultat de ses recherches, basées sur les 42,630 suicides enregistrés en Angleterre et dans le pays de Galles pendant les années 1858 à 1883.
Ce chiffre est probablement de beaucoup inférieur à la réalité, car il ne comprend pas les cas de personnes trouvées mortes ou enregistrées comme telles sans qu’il soit possible d’indiquer exactement la cause du décès.
Le suicide est rare avant quinze ans, mais on trouve dans les tables de M. Ogle deux cas observés chez les enfants âgés de moins de dix ans. La fréquence augmente avec l’âge jusqu’à la période de cinquante-cinq ans à soixante-cinq ans où se place le maximum. Pour l’aliénation mentale, on observe une courbe analogue; seulement le maximum est atteint plus tôt et la décroissance est moins réglementaire.
L’influence du sexe est très marquée, et si l’on représente par 100 le nombre des suicides chez les femmes, le chiffre est de 267 pour les hommes. De quinze à vingt ans, le suicide est plus fréquent chez la femme que chez les hommes et, de quarante-cinq à cinquante-cinq ans, l’excès des suicides chez l’homme est moins marqué que dans les périodes qui suivent et précèdent.
Une des parties les plus intéressantes du travail de M. Ogle est celle qui se rapporte à l’influence de l’occupation ou de la profession sur le suicide.
D’une manière générale, on peut dire que le suicide est surtout fréquent dans les classes instruites, et M. Ogle a pu s’assurer que l’augmentation de fréquence observée pendant ces dernières années présente un parallélisme frappant avec l’augmentation du nombre de personnes qui sont en état d’apposer leur signature aux registres de mariage.
On croit, en général, que le suicide est surtout fréquent en novembre et dans les mois sombres et froids de l’année; la statistique démontre, au contraire, que le minimum tombe en décembre et le maximum en juin. C’est le plus souvent à la pendaison qu’ont recours ceux qui veulent en finir avec l’existence; cependant beaucoup de soldats emploient une arme à feu, et 85% des photographes qui se suicident s’empoisonnent au moyen du cyanure de potassium. On se noie beaucoup plus fréquemment en été qu’en hiver.
Pas jojo quand même…
Il faut dire, à ma défense, que c’est le premier que je rédige sur ce thème après 3 784 billets. Disons que je n’ai franchement pas abusé lorsqu’on découvre que les mentions de suicides abondent dans la presse d’autrefois.
Il est vrai que nos ancêtres étaient plus près en un sens de la mort que nous qui l’avons passablement aseptisée. Peut-être était -il plus sain d’en parler simplement comme ils le faisaient…
Et puis, vous le savez bien, la vie n’est pas qu’un jardin de roses.
Sujet qui fait toujours froid dans le dos… surtout quand des amis-es l’ont connu de près…
Actuellement, les hommes du Québec se suicident 3,4 fois plus que les femmes. Et surtout entre 35-49. La force de l’âge tout en étant encore jeune. C’est à n’y rien comprendre…