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Une autre grande mascarade au Montagnard

mascarade montagnard montreal 1905À Montréal, on sait organiser de grandes mascarades à la patinoire du Montagnard, autant au mardi gras qu’à la mi-carême. Voici la fête du mardi gras du 7 mars 1905 soulignée dans La Patrie du lendemain.

Il n’y a pas qu’à Paris, qu’à Nice qu’on sait, comme il convient, clore le carnaval en honorant le mardi gras, Sa Majesté Très Joyeuse.

La foule très grande qui, hier soir, assista à la mascarade du Montagnard, a pu se convaincre de la vérité de ce que nous disons.

Le coup d’œil était réellement féérique dans notre vaste stadium national.

Banderolles et oriflammes mariaient, sous l’éblouissement des grands lustres, leurs couleurs éclatantes et joyeuses. Au centre de l’arène, le char du roi du jour attendait immobile le commencement du défilé; sur ce char trônait le Mardi-Gras, énorme mannequin, dans une pose de Falstaff bien repu, ayant à ses pieds deux superbes ours polaires en guise de pages et un orang-outang hideux, comme bouffon.

Ce n’était pas encore l’heure, mais la foule des spectateurs déjà s’impatientait. Enfin, les cuivres de l’orchestre éclatèrent en joie, et le défilé commença immense, vertigineux. Une clameur d’applaudissements le salua.

On vit alors, comme dans les songes fantastiques des Mille et Une Nuits, ou dans un rêve nocturne de Walpurgis, la ronde effrénée de tous les démons charmants ou hideux selon le cas ou le caprice, mais tous joyeux et divertissants. Le hasard et la galanterie firent de délicieux quiproquos historiques, mythologiques ou légendaires.

On vit ainsi : une si blonde et douce Marguerite donner l’accolade à Happy Hooligan, tandis que Méphisto pointait ses sornettes à ce brave Thimothée; plus loin, Faust redisait ses éternels serments à une accorte cuisinière; l’homme-hippopotame se montrait on ne peut plus Talon Rouge avec une Reine des Espagnes haute en couleur, tandis que le gommeux de la rue St-Laurent, le monocle à l’œil, pigeait les jambes de laine superposée d’une de nos Petites Filles à la suave mâchée de gomme.

Le Sport ne devait pas être négligé, et l’on vit deux athlètes aux biceps de copeaux brandir des altères de 900 livres avec une aise si terrible que Maupas, Cyr ou Barré en eussent eu le cauchemar s’ils les eussent vus.

Des Pierrots braillards, des courtisans Louis XIV, des tramps déguenillés à souhait tournaient aux gracieux dominos qu’ils pouvaient attraper des madrigaux qui n’auraient pas désavouer notre barde national, Malo. Nous nous arrêtons, ça n’en finirait plus.

Cette mascarade du Montagnard fut donc, hier soir, un succès faisant pâlir presque les succès des années précédentes […].

 

L’illustration ci-haut, une gravure d’Edmond-J. Massicotte, est parue dans Le Monde illustré du 30 mars 1901. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Montagnard (Montréal, Québec)».

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