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À la défense des Québécois installés en Nouvelle-Angleterre

belle jeune dame souriante maine

Le Herald traite les Canadiens de Chinois parce qu’ils ont peu de besoins et qu’ils sont économes. Le rapprochement est flatteur pour les Chinois, et personne certes ne serait tenté de leur jeter la pierre s’il était vrai qu’ils ressemblassent aux Canadiens. La plaisanterie est trop mauvaise pour que ceux-ci en prennent ombrage.

Quant à leur moralité, dire qu’elle est d’ordre intérieur, c’est tout simplement une calomnie et il serait fort à souhaiter pour le gros de la population des États-Unis qu’elle n’eût pas de plus mauvais exemples sous les yeux.

Les Canadiens, il est vrai, ne se soucient guère de se mêler à la politique; mais cela prouve leur délicatesse. Quand la politique sera purifiée des sanies qui la souillent, beaucoup d’honnêtes gens qui se tiennent à l’écart ne craindront pas de s’y frotter.

Maintenant, ils ne se fixent pas à perpétuité dans la Nouvelle-Angleterre, et ils ont hâte de retourner chez eux — avec l’argent qu’ils ont gagné; c’est possible, mais on ne saurait leur en vouloir, eux catholiques, de naissance, d’éducation et d’habitudes, de se trouver mal à l’aise dans un pays où l’intolérance puritaine domine tous les actes de la vie.

Ils ont leurs idées, leurs préjugés, si on veut, mais à chacun les siens, et comme ils respectent ceux des autres, ils ont le droit d’attendre qu’on respecte les leurs. La question est délicate et nous ne voulons pas y insister.

Mais aux agressions inconsidérées dont ils sont l’objet, les Canadiens ont le droit de répondre : nos mœurs sont à nous et personne n’a rien à y voir, du moment où elles ne blessent ni la morale, ni la loi; elles sont bonnes, car nous sommes de toute la population les gens qui fournissons la moindre proportion à la statistique de la police et des tribunaux; nous travaillons, on nous paye, nous faisons ce que nous voulons de notre argent; nous ne demandons rien de plus et personne n’a rien de plus à nous demander.

 

Le Sorelois, 16 février 1883.

Ci-haut, une jeune Québécoise habitant le Maine.

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