L’ours noir
À compter de septembre 1904, à l’occasion, le quotidien montréalais La Patrie tient ce qu’il appelle une «vitrine zoologique». Le 1er octobre 1904, elle porte sur l’ours.
Cette semaine, nous nous occuperons d’un animal plus gros que la marmotte. C’est de l’ours noir de nos climats que nous allons en effet causer un petit instant avec nos lecteurs.
Il appartient, en histoire naturelle, à la grande division des animaux mammifères carnivores et se trouve compris dans la famille des plantigrades, ainsi nommés parce qu’ils marchent en faisant porter le poids de leur corps sur la plante des pieds et non sur le bout des doigts.
L’ours est un animal à l’aspect massif, à l’allure pesante, à la taille forte et épaisse. Sa fourrure très recherchée dans la pelleterie est ordinairement brune chez l’ours commun, blanche chez l’ours polaire, et noire chez l’ours d’Amérique, celui qui nous intéresse aujourd’hui. Son pelage est long, lissé et brillant avec des taches fauves sur les paupières et à la poitrine. Signe particulier, sa dentition est complète.
La taille de l’ours noir est d’environ 52 pouces quand il se dresse sur ses pattes de derrière. Ce mammifère rangé dans la classe des carnivores est en réalité un omnivore. En liberté, il n’attaque ni les animaux, ni l’homme et ne se nourrit pas de chair, même en cas de disette. Il mange des racines, des jeunes pousses, des fruits, des légumes, surtout du miel, et du poisson des lacs qu’il pêche en plongeant.
Les chasseurs de fourrures savent bien que l’ours noir vit au Canada et dans le nord des États-Unis. Ils en tuent chaque année une certaine quantité pour leur peau. La chair est coriace, mais, pourtant, celle des jeunes est assez tendre à l’automne. On a vanté la graisse d’ours comme régénérateur du système pileux.
Si l’on voit quelquefois des ours pendus à la porte des grandes boucheries de la ville, il est assez rare de voir un de ces animaux se promener dans nos rues, même avec un gardien.
Aussi nous signalons avec plaisir à nos lecteurs un bel ours noir d’Amérique qui se trouve confortablement installé dans la vitrine du magasin situé au No 210 de la rue St-Laurent, au rez-de-chaussée du monument National.
La sculpture de l’ours noir est d’Yvan Bisson, un artisan de Lévis.
Contribution à une histoire de l’ours et à celle de la vitrine.