«Conseil à la Fermière»
Votre engagé s’est blessé, voici ce que vous conseille L’Étendard du 6 août 1883.
Voilà un de vos domestiques qui s’en revient tête basse, et le bras pendant à la ferme. Il est blessé; il a reçu un coup de fourche dans la main en chargeant quelque fourrage ou litière, ou bien un choc violent d’un outil lui a fait une forte contusion.
Vous qui êtes la femme forte, fermière, ce n’est pas le moment de pousser des cris comme un paon, ni d’avoir des attaques de nerfs. Faites asseoir le pauvre homme, donnez-lui un verre d’eau sucrée avec quelques gouttes d’eau-de-vie, s’il semble impressionné; et puis mettez-vous en mesure de le panser. S’il n’y a rien de brisé, commencez par laver la blessure doucement à l’eau tiède.
La propreté parfaite d’une plaie est une des meilleures conditions de sa guérison. Puis, si les tissus ne sont pas entamés profondément, mettez une compresse humide, et bandez doucement ensuite, en fixant le bras élevé, au moyen d’un mouchoir attaché sur la poitrine.
Si le gonflement est prompt et paraît important, un cataplasme émollient sera bien employé, et suffira peut-être à enrayer le mal et à empêcher le phlegmon de la main et du bras. En tous cas, vous aurez fait, si ce doit être plus grave, tout ce que vous pouvez, en attendant le médecin.
Mais surtout ne mettez jamais de feuilles de tabac, ni cent autres drogues ou graisses qui ne peuvent qu’augmenter le mal. Enfin, faites tenir au repos le membre blessé. Mieux vaut pour vous et pour lui que votre domestique garde les vaches pendant 3 ou 4 jours, que d’être contraint à rester peut-être un mois ou six semaines sans travailler.