Un Chinois mal accueilli à Saint-Hyacinthe
Du moins l’hebdomadaire de la place, La Tribune, du 1er août 1890, tient des propos gênants à l’égard de sa communauté et laisse entendre qu’il n’est vraiment pas bienvenu.
Un fils du Céleste Empire débarquait à St-Hyacinthe lundi soir. On nous dit qu’il vient ici dans le but d’ouvrir une buanderie.
Nous croyons que nous n’avons guère besoin de cette importation. M. Arthur Côté tient ici une très bonne buanderie et suffit aux besoins de la ville.
Ces déballés d’outre-mer, qui viennent en notre pays à l’ombre d’une caisse de thé, qui pendant des années font une concurrence désastreuse à nos industries domestiques, ne dépensant pas dix sous par jour et qui ne sont pas du reste des sujets d’édification morale ordinairement, n’ont guère besoin de notre encouragement, et notre devoir est de ne point le leur donner.
Une semaine plus tard, le 8 août, La Tribune écrit : Des gens sont allés mercredi briser les vitres de la maison où est installée la «Buanderie Chinoise». On y a brisé cinq grandes vitres. Cet acte inqualifiable a été commis vers minuit. Les auteurs sont connus et ils pourraient payer cher cette mauvaise farce. Nous croyons que ce n’est pas le moyen de montrer aux Chinois que l’on ne veut pas d’eux. Qu’on leur refuse tout patronage ou encouragement, soit, mais qu’on fasse du dommage à la propriété, qu’on emploie la violence, nous n’en sommes pas. Le discrédit de tels actes retombe sur toute la ville. En attendant, c’est probablement la ville qui paiera pour les dommages qui s’élèveront peut-être à une vingtaine de piastres.
L’illustration paraît dans l’ouvrage 365 Poèmes de sagesse chinoise (Paris, Albin Michel 2012) proposant de petits poèmes traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing fun. Elle est tirée du Jardin du Grain de Moutarde, manuel de peinture chinoise, publié en 1679.