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Allez, modification d’un équilibre

jIl faut parfois admettre d’être déstabilisé, les livres de sagesse le disent. Les ornières sont habitude et vient un moment où plus rien ne prend place, sinon le ronron qui enferme, finit par asphyxier, tuer.

Vous connaissez Gaston Bachelard (1884-1962) ? Avec respect, courez-y pour votre santé. J’extrais des passages du livre de Jean-Claude Margolin, Bachelard, au Seuil, collection Écrivains de toujours, 1974. Une belle partance pour qui ne connaît cet homme, un des sages de la première moitié du 20e siècle. Du vrac.

 

Selon Margolin, il a appris aux philosophes et aux scientifiques à ne pas oublier les poètes.

Il consacra son dernier cours public à l’université en 1954-1955 à la faculté de rêver. Lors de ce cours, il déclara qu’il avait été un philosophe du quotidien. Par la suite, un de ses élèves, Louis Guillermit déclara : «Tels ces villageois soudainement allègres à la seule arrivée du ménestrel que chacun se persuade avoir toujours connu et aimé, les auditeurs se prenaient tout à coup à se sentir heureux de vivre, parce que le monde s’éveillait sous leurs yeux, parce qu’ils connaissaient soudain l’allégresse d’une pensée qui ne paraissait se perdre que pour se retrouver… » Et Margolin de rajouter à ce propos de Guillermit : Montrant le caractère quasi magique de cette parole chaleureuse et vivante qui déliait à proprement parler son auditoire, il dit encore : «Ce bonheur de penser et de vivre, de faire passer la vie dans la pensée, qu’il prodiguait magiquement, c’était à mon sens le trésor le plus précieux de son enseignement philosophique.»

* * *

«J’essaierais d’aller, si possible, à l’origine de la joie de parler.»

«Les parents abusent souvent plus encore de leur savoir que de leur pouvoir… L’omniscience des parents, suivie bientôt à tous les niveaux de l’instruction par l’omniscience des maîtres, installe un dogmatisme qui est la négation de la culture. Quand ce dogmatisme est attaqué par les folles espérances de la jeunesse, il se fait prophétique. Il prétend s’appuyer sur une «expérience de la vie» pour prévoir l’expérience de la vie. Or les conditions du progrès sont désormais si mobiles que l’«expérience de la vie» passée, si une sagesse pouvait la résumer, est presque fatalement un obstacle à surmonter si l’on veut diriger la vie présente… Plus on est âgé, plus on se trompe sur les possibilités de la vie de la jeunesse.»

«Les événements les plus riches arrivent en nous bien avant que l’âme s’en aperçoive. Et, quand nous commençons à ouvrir les yeux sur le visible, déjà nous étions depuis longtemps adhérents à l’invisible.»

«Que de fois d’une simple brochure a jailli pour moi la lumière d’une image neuve ! Quand on accepte d’être animé par des images nouvelles, on découvre des irisations dans les images des vieux livres.»

«Donnez-nous aujourd’hui notre faim quotidienne.»

 

Nous reviendrons, assurément, sur ce cher Gaston.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    La connaissance de cet homme et de ses écrits manquait à ma culture… Merci de nourrir aussi généreusement notre faim de découvertes !

    27 avril 2014
  2. Jean Provencher #

    J’aime beaucoup Bachelard.

    28 avril 2014
  3. Ode #

     » Alors, si le rêveur de flamme parle à la flamme, il parle à soi-même, le voici poète. En agrandissant le monde, le destin du monde, en méditant sur le destin de la flamme, le rêveur agrandit le langage puisqu’il exprime une beauté du monde…  »

    La flamme d’une chandelle – Gaston Bachelard

    C’est songé ! J’y réfléchis !

    28 avril 2014
  4. Jean Provencher #

    Merci, chère Ode, de nourrir notre réflexion.

    28 avril 2014

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