Il y a de ces personnes qui ont vécu des fins de vie incroyables !
Le Franco-canadien, de Saint-Jean-sur-Richelieu, du 23 avril 1886, rapporte la nouvelle, suivante :
On a découvert le corps de Pierre Grévy, l’ermite du lac Hootowl, près de St. Régis Fall, comté de Franklin, N. Y. Deux chasseurs ont fait cette découverte, étant à la poursuite d’un ours.
Il quitta Québec en 1882, et vint construire une hutte à côté d’une grosse roche. Il vivait dans cette solitude, se rendant deux fois par an au village pour acheter des comestibles qu’il payait avec de la monnaie du temps de Napoléon Bonaparte. Sa barbe descendait jusqu’à la ceinture et ses cheveux traînaient par tresses.
Parmi ses effets, on a trouvé trois portraits à l’huile de Napoléon, Joséphine et du maréchal Ney. Certains papiers écrits en français indiquent qu’il est né à Marseille en 1790. Il était par conséquent âgé de 96 ans.
Un certificat de mariage constate que Pierre Grévy a épousé Marie Gauthier. Dans un vieux livre, on lit cette phrase : «Grâce à Dieu, Jules Grévy est maintenant le président de la république française». On croit d’après les papiers qu’on a trouvés que le défunt était l’oncle de M. Jules Grévy, président de la république française.
Pour quitter Québec à 92 ans et aller vivre ainsi ses vieux jours dans cette hutte, il faut imaginer que cet homme en avait soupé de l’humanité.
Dans les annuaires de la ville de Québec, il serait peut-être possible, qui sait, de savoir où il habitait avant de déménager et quel métier il exerçait.
Le tableau «Le Petit Journal», de Konstantin Soitzner, provient de la page Wikipédia consacrée à ce quotidien parisien, qui a paru de 1863 à 1944.