Et puis, venez-vous ?
La vie quotidienne des faubourgs Saint-Jean et Saint-Roch à Québec est si riche qu’il faudrait un livre sur chacun d’entre eux, hors des sentiers que nous avons battus à ce jour.
Cet après-midi, à 14 heures, à la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste, avant-veille de la Sainte-Catherine, nous nous retrouvons pour parler de la vie quotidienne à Québec en 1900, beaucoup dans le faubourg Saint-Jean. Vous venez ?
La bibliothèque se trouve à l’ancienne église anglicane St. Matthew, 755, rue Saint-Jean, dans le faubourg Saint-Jean bien sûr. C’est gratuit, avec réservation téléphonique (418-641-6798) ou sur place. Vous vous intéressez au vécu d’hier à la ville, en particulier dans les faubourgs, amenez-vous donc.
C’est l’occasion d’échanger sur la vie quotidienne d’autrefois, l’assise même de la véritable culture d’un peuple.
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Voici quelques amuse-gueules, tous vécus dans le faubourg Saint-Jean.
L’amour. «C’était hier le 14 février et par conséquent la Saint Valentin. Aussi combien sont lourds les paquets de matière postale que les facteurs ont à distribuer aujourd’hui. Cette coutume d’expédier des Valentins beaux ou laids ne semble pas devoir disparaître encore cette année, du moins.»
On aime la danse dans le faubourg. «Aux messes basses et à la grand’messe hier [de dimanche], on s’est fortement élevé contre les danses vives quel qu’en soit le nom, polka ou valse, que l’on semble un peu trop mettre en pratique, surtout en ces dernières semaines de carnaval.»
«L’école du dimanche des Chinois, à l’église St-Mathieu, présentait un curieux spectacle hier soir [lundi gras], les Chinois la fréquentant ayant invité leurs professeurs à un banquet. La fête fut présidée par le révd Scott, recteur de l’église St-Mathieu. Après le banquet, il y eut chansons, discours et hymnes chinoises.»
Un ténor est parti. «Ce matin, ont eu lieu à l’église du faubourg St-Jean les funérailles de feu Pétrus Plamondon, dont nous annoncions hier la mort. C’était autrefois le ténor à la mode à Québec. Il a été longtemps même l’unique ténor québecquois réellement en vue. Sa voix n’avait peut-être pas toute la richesse, toute l’ampleur que l’on remarque chez nos ténors en vogue aujourd’hui; mais il savait dire et chanter, et dans nos concerts d’amateurs on l’entendait toujours avec un nouveau plaisir. Il savait intéresser et même charmer. Petrus Plamondon a été l’un des fondateurs de la plus ancienne et de la plus importante des organisations chorales de Québec, l’Union Musicale, et il en a été plusieurs années le président. Il était depuis une dizaine d’années l’un des fonctionnaires du département de l’Agriculture.»
On fête la mi-carême. «Hier, mi-Carême, les enfants s’en sont donné à cœur-joie et bon nombre de familles ont reçu la visite de jeunes gens revêtus en mi-Carême, histoire de s’amuser et de causer « des peurs » dans certaines familles.»
Certaines rues peuvent aussi être dangereuses. «Joe Lefebvre, un souteneur du Brass Castle, a été condamné hier matin à deux ans de pénitencier pour avoir dépouillé un étranger d’une somme de quarante dollars, lundi dernier, pendant qu’il était à cuver son vin dans une maison borgne du quartier. Joe Lefebvre était reconnu pour être la terreur du quartier, la nuit. Gare aux passants attardés dans ce quartier louche. Il avait bientôt fait de les dévaliser en les menaçant de voies de fait, menaces qu’il ne tardait pas à exécuter si les malheureux faisaient tant soit peu de résistance.»
Et ainsi de suite. Nous en aurons au moins pour une heure à «r’virer la vie quotidienne sous toutes ses coutures»… avec un peu de tire Sainte-Catherine quand même.
M.Provencher,
Je faisais partie de l’auditoire pendu à vos lèvres cet après-midi à la bibliothèque St-Jean- Baptiste. Quel conteur vous faîtes! Nul besoin de diapositives ou autres technologies modernes pour capter notre attention. Vos propos évocateurs suffisaient pour échafauder mille images dans nos têtes attentives. Vos mots étaient nos images. Nous en aurions pris encore et encore. N’écoutez pas votre fils et racontez jusqu’à la fin de la nuit des temps. Merci pour ces évocations magiques. J’étais les oreilles de ma bonne voisine agée qui n’avait pu se déplacer. Je vais donc essayer de lui livrer le dixième de vos propos et je lui ai rapporté votre livre sur Les quatre saisons en guise de piètre consolation.
Je vais donc surveiller attentivement la parution de vos prochaines conférences.
Merci pour ces moments nostalgiques qui furent un véritable plaisir.
Sonya
Merci beaucoup à Vous, chère Sonya. Cela dit, mon cher fils m’a simplement dit de faire court sur mon site internet dans la mesure du possible, car les gens voyagent sur internet, et de plus en plus rapidement, et vous balancent aussi rapidement.
Belle soirée à Vous et saluez votre bonne voisine.