«Le clocher»
À l’heure où on débat ici, quasi violemment, d’une charte des valeurs québécoises, prenons donc beaucoup de recul, et non pas la mouche, pour lire le texte ci-joint. Cherchons à nous distancer.
Imaginons-nous sérieusement habitant le Népal, la Birmanie ou le Kamchatka oriental et que ce texte nous tombe sous la patte. Pour nous qui ne sommes pas de cette contrée lointaine, le Québec, comment donc comprendre cet écrit non signé, publié dans un journal du nom d’Étoile du Nord, le 20 septembre 1888 ? Exercice.
Avez-vous, amis lecteurs, remarqué quelque fois l’importance de l’église dans une ville ou dans un village ?
Du milieu des maisons, des maisonnettes, des chaumières, se détache un édifice, vaste souvent et magnifique quelque fois… Lors même qu’il n’a pas des proportions grandioses, il dépasse toujours les modestes habitations qui l’entourent.
C’est que, si celles-ci sont la demeure de l’homme, celui-là est le temple et la demeure de Dieu.
C’est que de tout temps on a compris qu’il n’y avait rien de trop riche pour Celui de qui viennent toutes les merveilles de la Création.
C’est que cette maison de Dieu, c’est aussi comme la maison commune de tous les habitants de la paroisse. Là seulement règne la vraie égalité; il n’y a plus devant Dieu ni riche ni pauvre, ni maître ni serviteur, ni rentier, ni manœuvre, ni monarque même, ni mendiant.
Il n’y a que les enfants d’une même famille, réunis pour rendre à leur père un culte d’adoration et d’action de grâces, pour lui demander les faveurs dont nous avons besoin.
L’église est encore une école, et la première de toutes celles où nous apprenons nos devoirs : la patience, le pardon des injures, la paix du cœur, le dévouement aux misères d’autrui.
Comment ne nous serait-elle pas chère et sacrée, cette maison du Seigneur, où tant de grâces pleuvent sur nous ? Comment s’étonner de l’importance qu’attachent à leur église aussi bien que les riches habitants des villes les plus pauvres habitants de campagnes ?