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Après l’hiver, la navigation reprend d’abord dans l’estuaire

À cause de la salinité, l’eau ne gèle pas dans cette partie du fleuve Saint-Laurent; on ne trouve donc des glaces que sur les battures. Mais, en amont de Québec et jusqu’à Montréal, la glace peut être prise à plusieurs endroits d’une rive à l’autre, formant alors des ponts.

En avril 1898, le premier bateau remontant l’estuaire jusqu’à Sainte-Anne-de-Beaupré est une goélette de Baie-Saint-Paul. Voici le récit de l’aventure. Bien que le style soit fort laborieux, ce qui est étonnant de la part d’un propriétaire de journal, on finit par comprendre que le voyage n’est pas de tout repos.

Le 14 avril 1898, l’hebdomadaire L’Écho de Charlevoix reproduit cette lettre faisant état du voyage, sous le titre La première goélette.

 

La goélette de M. Le Magistrat Simard, la «Thémis», est le premier vaisseau qui se soit dirigé vers Québec cette année. Notre co-propriétaire, M. Jos. T. Fortin, qui avait accepté l’hospitalité de M. Le Magistrat, nous écrit de Ste. Anne :

Partis de la Baie St. Paul le neuf courant à une heure du matin, nous sommes arrivés ici à six heures de l’après-midi. Nous avons passé une marée à la Montée du Lac qui nous a créé des émotions. Une immense quantité de glaces de battures, partie avec la haute mer, nous est arrivée dessus, à tel point que nous avons perdu là une ancre et un bout de chaîne, ce qui nous a obligés à relâcher au-dessus du phare du Cap Tourmente, où nous avons pu résister le reste de la marée, mais pas sans en avoir de raides, je vous assure.

La petite «Thémis» s’est fort bien conduite et s’en est retirée sans accident, sauf quelques accros à la peinture. Au montant, nous espérions avoir ce qui nous était dû, cependant le sud-ouest n’en a pas jugé ainsi et a troussé ses manches pour nous jouer un cotillon carabiné, et… la «Thémis» de danser; sous la grande voile et le grand foc avec double ris soigneusement pris dans ces deux voiles, elle s’est conduite admirablement. Mais nous avons cassé notre mât de Beaupré, il était alors temps de dire que nous étions bouche bée.

Toutefois, nos hardis marins ont réparé ces accidents et nous étions au quai de Ste. Anne à six heures. Le pont de glace est encore ferme à sept ou huit arpents au-dessus de l’église Ste. Anne. Il fallait de l’énergie pour continuer ce voyage. La navigation n’est pas encore ouverte ce matin, il y a beaucoup de glaces fines. Dans tous les cas, nous sommes arrivés en bonne santé, avec la satisfaction d’avoir passé à peu près indemne un «pas» assez difficile.

Depuis que cette lettre est écrite, le pont de glace est parti et la navigation est définitivement ouverte.

 

Photographie prise le 7 avril 2013 depuis la rive sud de l’estuaire, à L’Islet-sur-Mer.

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