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Baptême d’un enfant chinois

Vous avez sans doute vu, sur ce site, que dans la catégorie «L’histoire» apparaissant dans le menu tout en haut, il y a une sous-catégorie « Les Chinois ». Je rêve qu’une belle jeune historienne ou un beau jeune historien aborde un jour l’histoire de nos Chinois.

Dans le dépouillement des journaux anciens, j’ouvre l’œil particulièrement, sitôt qu’il est question des Chinois. Je trouve ce peuple, qui nous est inconnu, d’un grand raffinement.

Voyez ici, par exemple, ce texte du quotidien montréalais L’Étendard du 26 décembre 1890.

Une des particularités les plus curieuses des mœurs chinoises est l’imposition du nom, où si l’on veut la cérémonie du baptême.

Dès le moment de sa naissance, l’enfant chinois porte le nom de ses ancêtres, c’est-à-dire celui porté par tous ceux qui descendent du même grand-père.

Au trentième jour, on procède à ce que l’on peut appeler la cérémonie du baptême ou l’imposition du nom.

Voici les cérémonies pratiquées en cette circonstance, regardé par les fils du Ciel, comme l’une des plus importantes de la vie. C’est aussi à ce moment que l’on marque sur la tête du nouveau-né l’endroit de la célèbre tresse ou queue que le Chinois doit garder toute sa vie.

Les 30 jours depuis la naissance étant accomplis, on fixe une date pour le cérémonie du Kwo tow REE, ou imposition du nom de lait comme disent les Chinois et pour le tracement de la queue.

Au jour marqué, le père et les femmes amies de la famille se réunissent pour choisir le nom que l’enfant doit porter à l’avenir.

Le nom choisi, deux jeunes gens apportent un large rôti de lard richement décoré des mêmes couleurs que celles que porte l’enfant et ils le déposent sur une table ornée des mêmes couleurs rouge, vert ou bleu suivant les circonstances.

Aussitôt que le rôti est placé sur la table, les deux jeunes hommes se retirent et les dames qui sont dans une chambre voisine avec le père se rendent dans la salle du festin. Ces dames sont parées de leurs plus riches ornements, satin, broderies, franges d’or et d’argent, etc. La mère les accompagne et l’une des dames porte le nouveau-né. Toutes sont très gaies et font de grands éloges du gros rôti qui se trouve devant elles. Enfin le silence se fait et la mère portant un paquet de plantes odoriférantes et un paquet d’encens s’avance vers la table.

Elle place les plantes dans un vase qui se trouve devant le dieu que l’on a eu soin de placer là sur la table, et, prenant la poudre d’encens, elle la jette dans un bassin. Ensuite, elle se met à genoux et prie le dieu de bénir son nouveau-né et de lui rendre la vie prospère. Au même instant, on lui présente une coupe remplie de vin parfumé qu’elle répand aussitôt dans toutes les directions sur le plancher en présence de la divinité en prononçant ces paroles : «Bois, o grand esprit, bois ma petite offrande de vin». Ensuite, elle frappe trois fois le plancher avec son front.

Toutes ces cérémonies ne doivent pas durer plus de dix minutes; un temps plus long offenserait le dieu qui doit aller ailleurs.

Aussitôt que la mère est relevée, toutes les autres dames offrent leurs adorations à l’idole de la même manière.

La mère prend ensuite l’enfant dans ses bras, lui donne une douzaine de baisers, puis elle va s’asseoir, met l’enfant sur ses genoux et on procède à la cérémonie du tracement de la queue ou tresse.

La plus jeune des femmes prend un rasoir très aigu, s’approche de l’enfant et commence à lui raser tous les cheveux à l’exception de deux petits bouquets qu’elle laisse de chaque côté de la tête.

Naturellement les cheveux sont encore trop courts pour être tressés; mais ces deux endroits resteront maintenant intacts et serviront plus tard à faire la couette sacrée du Chinois.

La cérémonie étant à peu près terminée, tout le monde se lève, y compris le père, seul homme admis à la cérémonie, et font entendre ces exclamations Goo He Fa Toy La.

On couvre alors l’enfant de fines poudres de riz et de parfums, on lui met un riche bonnet sur la tête; les femmes se jettent de nouveau à genoux, adorent l’idole et tout est fini.

On assiste ensuite à un festin pour clôturer la fête.

 

J’imagine la fascination de Marco Polo (1254-1324), qui séjourna 17 ans en Asie au 13e siècle, en particulier en Chine. Il devait avoir les yeux bien grands.

L’illustration est de acina (Chihfeng Hsueh) sur Flickr.

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