Un adepte français de la chanson « À la claire fontaine »
Depuis le Régime français, la chanson « À la claire fontaine » fait partie de notre répertoire de chansons populaires. En 1900, elle est toujours bien vivante.
Or, un écrivain parisien, Oscar Hérard, dans une étude sur le Canada, parle de la «Claire Fontaine», qu’il donne comme le chant national officiel de la Nouvelle France. Le journal Le Trifluvien rapporte la nouvelle le 2 décembre 1891.
Nos compatriotes de l’autre côté de l’Atlantique, dit-il, ont choisi dans le répertoire populaire une vieille cantilène française qui ne ressemble guère à la «Marseillaise», mais le peuple canadien l’entonne quand même avec le plus vif enthousiasme dans ses réunions et dans ses banquets. C’est la «Claire Fontaine», le chant national officiel de la Nouvelle France.
La Normandie, la Picardie, l’Aunis, la Saintonge, la Bretagne, la Franche Comté, le Morvan fredonnent également cette naïve mélodie; il n’est point peut-être de composition musicale plus répandue dans nos campagnes. Pourquoi les orchestres des villes ne l’accepteraient-ils pas à leur tour ? Ces idylliques couplets nous reposeraient des strophes sanguinaires de Rouget de Lisle.
Ce modeste refrain a été chanté bien des fois sur les bords du Saint-Laurent, mais il n’a jamais assurément aspiré à passer pour une hymne nationale.
A-t-on encore souvenir en France aujourd’hui, en 2012, de cette chanson ?
L’image coiffant cet article provient de La Bonne Chanson, dix albums qu’on appelait Cahiers, parus de 1938 à 1951, du musicologue Charles-Émile Gadbois (1906-1981). Elle apparaît dans la série de manuels Chantons la bonne chanson à l’école, 1957, Première, deuxième et troisième années, faisant partie du programme officiel du cours primaire, manuels approuvés par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique.
Pour vous rafraîchir l’esprit, voici cette chanson interprétée par Rufus Wainwright a capella.
Ernest Gagnon écrivait en 1865 qu’ « À la claire fontaine » tient lieu « d’hymne national en attendant mieux ».
Absolument. J’aime beaucoup ce Ernest Gagnon, grand monsieur, malheureusement quasi inconnu.