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La fête du Travail

La fête du Travail, le Labor Day, voit le jour aux États-Unis en 1886 et, rapidement, les ouvriers québécois adhèrent à cette fête du premier lundi de septembre. Cela dit, toujours en 1886, le gouvernement fédéral établit la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail. Les commissaires parcourent tout le Canada et dépose en avril 1889 un rapport de 4 000 pages. Le constat est navrant. On n’en finirait plus d’énumérer les révélations étonnantes de ce rapport. Qu’il suffise de dire que rien ne protège les ouvriers à la merci du grand capital.

En 1900, la législation sociale portant sur le travail est toujours à peu près inexistante. Chaque année, les ouvriers se préparent donc des semaines à l’avance pour célébrer la fête du Travail. Les journaux du temps, d’ailleurs, accordent à cette fête beaucoup de place. Et les pouvoirs sont contraints de céder et de reconnaître cette journée annuelle. Bien plus, le gouvernement fédéral en fait bientôt une fête légale, fériée et chômée.

Défilés dans les rues, particulièrement dans les quartiers ouvriers, bannières syndicales fièrement bien en vue, chars allégoriques, grands pique-niques en après-midi, avec jeux pour les enfants. À l’occasion même, feux d’artifice en soirée. On fête en grand, ordinairement dans la joie, et on en est fier.

Et la fête du Travail s’installe à demeure. Le 31 août 1907, dans un éditorial, le journal La Presse écrit :

Que les temps sont changés ! Il y a quelque vingt ans, les premières célébrations de la fête du Travail furent accueillies avec colère par les uns, méfiance ou raillerie par les autres. Les rares partisans de ce chômage, en dehors du monde ouvrier, étaient presque qualifiés d’ennemis publics. […] Si, à Montréal, la fête du Travail a conquis tous les suffrages, c’est qu’elle a toujours été marquée de l’ordre le plus parfait, qu’elle a toujours revêtu un aspect paisible et que les manifestations, auxquelles elle a donné lieu, n’ont jamais pris un caractère hostile vis-à-vis le capital.

 

C’est par excellence la fête des travailleurs, le jour où ils se réunissent en famille pour honorer le travail, affirmer la solidarité des travailleurs et démontrer par leur apparence même les bienfaits de l’Union. […] La position importante qu’occupe aujourd’hui la classe ouvrière est, sans contradiction possible, l’œuvre des unions ouvrières. En travaillant pour l’amélioration de la condition morale et matérielle de leurs membres, les Unions ouvrières ont également travaillé pour la paix sociale. […] On avouera que, sans le développement de ces institutions, la position des ouvriers, impuissants à se défendre contre les grandes compagnies, les trusts et les monopoles, serait loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui.

 

L’ouvrier, pour son bien, celui de la masse des travailleurs, doit faire parti d’une association ouvrière; quand il sera unioniste, il sera plus à même de comprendre ce qu’est la solidarité ouvrière et de choisir le groupe, le système qui lui offrira le plus d’avantages et la plus grande somme de sécurité dans l’avenir. Ouvriers, soyez unionistes, nationaux ou internationaux peu importe; mais soyez unionistes, si vous voulez que vos enfants n’aient pas à passer par les dures épreuves que vos pères et vous-mêmes, dans votre jeunesse, avec traversées.

Cet éditorial de La Presse est étonnant. Mais il faut aussi savoir que toute la législation sociale portant sur le travail est encore à venir.

Pour en connaître davantage sur les révélations en 1889 de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, cliquez sur le nom même de cette commission apparaissant au début de cet article. Vous y verrez ce que nous écrivions, Jacques Lacoursière, Denis Vaugeois et moi-même, dans l’ouvrage Canada-Québec, 1534-2000.

 

2 commentaires Publier un commentaire
  1. sylvie pontbriand #

    Les organismes communautaires du Québec sont à soumettre
    à leurs membres une journée fériée pour sensibiliser à tout le travail accompli , souvent méconnu et à bout de bras de ces organismes sous subventionnés.

    3 septembre 2012
  2. Jean Provencher #

    Formidable initiative. Nous n’avons pas idée de l’importance des organismes communautaires au Québec et comment tous ces organismes sont portés à bout de bras, partout, par du monde qui y croient !!!

    3 septembre 2012

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